Edith Nicot, passion papier

Publié le 22 août 2017 par Doudonleblog

Je me demande si Edith Nicot donnerait facilement l’autorisation d’assister à ses séances de travail personnel. Accepterait-elle volontiers que l’on observe les plissages minutieux qu’elle pratique sur ses longs papiers blancs ? J’imagine que le dialogue qu’elle entretient avec son papier et l’intimité de leurs relations se conçoivent mieux dans le secret de la solitude et du silence. J’imagine.

Mais je ne lui ai jamais posé la question.

Cela étant dit, l’artiste vous reçoit chaleureusement dans son atelier et vous parle sans limite de sa passion papier.

Son atelier est un tout petit endroit, dans son appartement, au dernier étage d’un immeuble. Miraculeusement, cohabitent les outils de la création et la création elle-même !

A gauche, des rayonnages jusqu’au plafond. Tout est empilé, classé, amoncelé, serré… Rouleaux et chutes de papier, boîtes de rangement, petits outils de bois, flacons, anciennes peintures à elle, tiroirs de petit matériel divers… Mais je suis certaine qu’ici Edith Nicot retrouverait son aiguille dans sa botte de foin ! Quand on manque de place, on est ordonné !

A droite, les œuvres de l’artiste. Blanches et aériennes. Edith Nicot vous branche les éclairages. Des ombres de dentelles se mettent à vibrer au mur. Vous bousculez un tabouret, vous rentrez votre bedaine et vous vous faufilez jusqu’au fenestrons. Ses « germes de vie » s’y balancent imperceptiblement. Ils jouent avec la lumière. Et votre regard, peu à peu, découvre dans la pièce une foule de formes abstraites, pétales, coquillages, artères, nids, nuages.. Le tout en fins pliages de papier de soie. Il y a même des robes et des chaussures!

« Je triture ! » sourit-elle. Les plis sont serrés et communiquent une rigidité à l’objet réalisé. « C’est au son que je sais si le pli est réussi ! » Et l’artiste évoque son geste répétitif, « comme une méditation ».

Passion papier ! Edith Nicot est incollable sur le sujet. Et elle vous raconte comment elle en fabrique elle-même, avec toutes sortes de végétaux. C’est une véritable démarche artistique. Avec elle, le papier devient un matériau et…une œuvre.

Emportée par son élan, elle va vous raconter maintenant le Kozo! Impressionnant! Seule une japonaise, Miki Nakamura, vers Angers, travaille comme elle cette fibre du mûrier à papier, utilisant la partie entre l’écorce et le cœur, et dévoilant le réseau de vie  où passe la sève. De ses doigts elle vous mime toutes les opérations: ouvrir, nettoyer, bouillir, blanchir, presser, déployer, sécher, mouler…  Du doigté, une fois de plus. Et naissent des sculptures, que l’on voit ici, dans l’atelier. Tous ces masques, boules, coques, gouttes, œufs, animaux…Raffiné. Précieux. Immatériel.

Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois (merci à Domi pour sa participation photographique!)