Brûler les passerelles vers l’extrême droite avant que le feu ne se propage davantage…
Vu ici. Rien à ajouter. ça dit tout. Merci YY. J’adhère entièrement, d’autant plus que cela rejoint mes propres préoccupations, maintes fois martelées ici, en mieux. Merci Monsieur.
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Permettre à une passerelle de l’extrême-droite de diffuser son venin dans nos réseaux de contacts est un choix lourd de conséquence, mais se couper complètement de la diversité sociale pose également problème.
BARRAGE CONTRE LA PESTE BRUNE : DIFFÉRENCIER LE VOISIN ET L’IDÉOLOGUE
Il nous arrive à tous, dans nos vies, de croiser des racistes, des réactionnaires, des fascistes, des complotistes et des illuminés en tous genres, ici et là.
Le plus dur, c’est sans doute quand ce sont des membres de notre famille, par exemple le beauf qu’on n’a pas choisi, ou encore la honte du bureau, le raciste de la salle des profs, le soralien de la ZAD, l’homophobe du bistrot ou, un dernier exemple, le voisin lepéniste qui n’a jamais vu un étranger dans le village, à part une petite famille hollandaise qui loue chaque année à 300 mètres plus bas, mais qui répète quand même les délires sécuritaires qu’il a entendus à la télé.
Discuter avec ces gens-là pose diversement problème : c’est plus ou moins nécessaire ou inutile, pénible ou intéressant, avec en ligne de mire, l’idée qu’on ne convaincra pas tout le monde, bien sûr, mais que baisser les bras face à toutes les inepties qui se racontent serait dommage.
Alors, chacun d’entre nous fait à la carte, comme il peut, comme il veut. Selon l’énergie, l’humeur, la disponibilité. Parfois, on fatigue un peu et même beaucoup. A force d’entendre et de lire n’importe quoi, il arrive d’avoir envie de vomir, de craquer, de couper.
Sur Facebook, on a souvent quelques contacts de ce genre liés à certaines activités, mais avec lesquels les affinités sont très limitées. Alors, on passe outre, on échange peu, on voit circuler sur son fil d’actualité des trucs qui nous montent plus ou moins à la gorge, mais bon, on ne craque pas pour autant à chaque fois, hésitant alors entre entamer une petite discussion ou virer directement l’auteur.
Mais ce n’est pas du tout la même affaire avec les idéologues : ces personnes plus ou moins connues qui diffusent régulièrement des idées sur un tout autre registre. Parmi celles-ci, il y a ce qu’on appelle couramment les « passerelles de l’extrême-droite ». Ce jargon politique désigne des personnes qui paraissent de gauche — ou libertaire parfois, dans l’exemple de Bricmont(1) ou Chouard selon leurs dires — et qui diffusent pourtant une véritable propagande d’extrême-droite via la promotion d’idées et d’auteurs particulièrement incompatibles et même antagonistes avec nos valeurs. Grâce à un mélange de genres et de sources savamment dosé, ces spécialistes de l’entrisme viennent, par exemple, faire des conférences-débats dans des organisations de gauche trop peu méfiantes, et ouvrent la boite de pandore aux participants les plus naïfs et moins politisés qui ont tôt fait de s’égarer en quête de divers complots.
Sur Facebook, ceux qui hésitent à laissez parmi leurs « amis » l’un de ces sinistres personnages (beaucoup laissent encore Dieudonné, par exemple), leur donnent, sans y prendre gare, un peu de crédibilité et de visibilité.
Pourtant, notre monde n’est pas aussi grand qu’on le dit : il n’y a que très peu d’étapes, bien souvent, pour passer d’un contact à un autre (certains chercheurs étudient les probabilités en terme de nombre d’intermédiaires selon le point de départ et d’arrivée). Autrement dit, nous sommes tous des intermédiaires en puissance qui pouvons bloquer ou pas, à notre niveau, cette aspiration vers le néant politique et les idéologies mortifères.
il ne tient qu’à nous de refuser que les passerelles de l’extrême-droite passent par nous, profitant de la présence de quelques naïfs dans notre réseau d’amis, plus influençables à certains moments de la vie pour diverses raisons, sans même que personne n’y prenne garde.
Nous le savons toutes et tous : Internet mène à tout. De fil en aiguille, en surfant un peu, par curiosité, on peut tomber sur n’importe quoi. Facebook, en particulier, est un réseau qui offre un terrain de chasse gigantesque à ces idéologues du pire (ou qui mènent au pire).
Voilà pourquoi, il est absolument nécessaire de différencier le quidam qui ne partage pas nos valeurs, qui dérape sur certains sujets sensibles, mais qui peut parfois changer d’avis (sans lui-même convaincre grand-monde) et la passerelle démagogue qui distille son venin et peut faire des ravages politiques parmi nos amis si on ne la repousse pas.
Bricmont, Chouard, Dieudonné, Soral et bien d’autres n’ont rien à faire parmi nos contacts. Les laisser en connaissance de cause, c’est se faire caution(2).
(1) https://www.facebook.com/yyoulountas/posts/1809545202689432
(2) https://www.facebook.com/photo.php?fbid=1809099919400627&set=a.1386628864981070.1073741828.100009019095596