Partager la publication "[Critique série] THE DEFENDERS – Saison 1"
Titre original : Marvel’s The Defenders
Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Douglas Petrie, Marco Ramirez
Réalisateurs : S.J. Clarkson, Peter Hoar, Phil Abraham, Uta Briesewitz, Stephen Surjik, Félix Enríquez Alcalá, Farren Blackburn.
Distribution : Krysten Ritter, Charlie Cox, Mike Colter, Finn Jones, Sigourney Weaver, Jessica Hnewick, Deborah Ann Woll, Elden Henson, Simone Missick, Rosario Dawson, Élodie Yung, Scott Glenn, Rachael Taylor, Wai Ching Ho…
Genre : Action/Thriller/Fantastique/Adaptation
Nombre d’épisodes : 8
Diffusion en France : Netflix
Le Pitch :
La Main, la terrifiante organisation secrète ancestrale, étend son influence sur New York, obligeant Daredevil à reprendre du service. Matt Murdock qui va bientôt faire équipe avec Jessica Jones, Iron Fist et Luke Cage, qui vient tout juste de sortir de prison. Ensemble, ils vont se heurter aux forces de la Main et de son leader suprême…
La Critique de la saison 1 de The Defenders :
C’est donc après deux saisons de Daredevil et une de Jessica Jones, de Luke Cage et d’Iron Fist que débarque enfin la série qui fait se rencontrer tous les super-héros de l’écurie Marvel/Netflix. Une sorte d’Avengers donc, qui voit nos personnages affronter leur ennemi commun, alias La Main, qui était pour rappel déjà plus ou moins au centre de Daredevil et d’Iron Fist. Très attendue, la première saison de The Defenders tient-elle ses promesses ? Réponse…
L’union fait la super-force
Outre les personnages qui donnent leurs noms aux séries Netflix/Marvel, c’est aussi une partie des réalisateurs, des producteurs et aussi de nombreux seconds rôles appartenant à chacun des titres que l’on retrouve dans The Defenders qui se réunissent ici. Une série qui se déroule à New York, comme prévu, entre Hell’s Kitchen et Harlem et qui voit Iron Fist, Matt Murdock (Daredevil), Jessica Jones et Luke Cage, mais aussi Claire Temple, Stick, Colleen Wing, et dans une moindre mesure Foggy Nelson, Misty Knight ou encore Karen Page se frotter à Alexandra, la grande patronne de La Main, incarnée ici par l’impériale Sigourney Weaver. Une bad woman épaulée par les membres de La Main que nous connaissons déjà, comme Madame Gao et Bakuto, mais aussi par deux nouveaux et par Elektra, qui est également de retour à l’occasion d’un petit lavage de cerveau. À l’instar d’Avengers, The Defenders doit donc d’emblée nous présenter les enjeux, accorder une importance égale à tous les héros, mais aussi penser à la fois à ceux qui ont vu toutes les saisons précédentes et à ceux qui n’ont rien vu du tout et qui prennent le train en marche. Une démarche complexe qui ne va pas sans quelques couacs. On a vu ainsi paraître sur la toile, avant la diffusion, des critiques assez peu élogieuses des quatre premiers épisodes de cette saison qui n’en compte que huit. Des retours durs qui ne manquèrent pas de souligner la rythmique assez lente. Et en effet c’est un peu ça. Il faut bien attendre 3 ou 4 épisodes avant que la série ne trouve son rythme de croisière et ne vienne se positionner au bon endroit afin d’exploiter pleinement son postulat. La mise en place est un peu longue et on voit bien que Netflix n’a voulu paumer personne et a ainsi repoussé le moment fatidique où Daredevil et les autres allaient enfin envoyer du bois, main dans la main (façon de parler bien sûr). Il faut donc en passer par les unions partielles, intéressantes et par l’inévitable moment où l’un ou l’autre ne veut pas faire équipe, doute du bien-fondé de l’union proposée et de l’ampleur de la menace. Ce qui est bien moins stimulant par contre. Il est marrant de voir Jessica Jones faire connaissance avec Matt Murdock et s’étonner de ses pouvoirs, mais il est assez décevant de voir que le script n’a pas cherché à esquiver les lieux communs et autres clichés inhérents à ce genre d’exercice en accordant de précieuses minutes à la mise en place d’une cohésion de groupe valable. Ce n’est ainsi seulement que dans sa deuxième moitié que la saison s’envole et que l’action peut enfin souligner la bonne complémentarité des membres de l’équipée sauvage qui défouraille à tout va dans la grosse pomme.
Defenders Assemble
Autre problème : The Defenders, plus encore que Daredevil, Jessica Jones, Iron Fist ou Luke Cage, met un peu plus en évidence un manque de cohérence vis à vis de l’univers global Marvel. Pour rappel, si les séries Netflix/Marvel ne voient pas intervenir les héros des blockbusters du Studio Marvel, elles appartiennent au même monde. Comme la série Agents Of S.H.I.E.L.D. d’ailleurs ou Agent Carter. Tout ceci est un tout. Et si avant, concernant les aventures solos, confinées dans des quartiers bien précis de la ville dans laquelle se trouve notamment Iron Man et Doctor Strange, il était explicable qu’aucun de ces personnages ne viennent filer un coup de main à Daredevil ou aux autres, c’est plus compliqué concernant les Defenders. Sans vouloir déflorer l’intrigue, il est clair dès le début que comme dans Avengers, la menace dans The Defenders est suffisamment puissante pour justifier une alliance. La Main, l’organisation machiavélique, arrive même à faire trembler la terre à un moment donné. Plutôt inhabituel à New York. Ce qui aurait dû logiquement attirer l’attention d’Iron Man ou de Spider-Man, dont le sens araignée devait ce jour-là être en panne. Un des héros du Marvel Cinematic Universe aurait dû s’inquiéter de savoir ce qui se passait dans ce quartier de New York et interagir, ne serait-ce que le temps d’une courte séquence, avec Daredevil, Luke Cage ou un autre. Mais non… La Main n’intéresse pas Iron Man et ses amis, tout comme les Defenders, qui œuvrent pourtant pour éviter la destruction de Manhattan dans son ensemble. Étrange non ? Pas vraiment, car on imagine que la logistique pour mettre en place des cross-overs de ce genre reste délicate, mais une chose est certaine : cela impacte directement la cohérence de The Defenders qui, pour son propre bien, aurait dû bénéficier d’une alliance vraiment étroite, quitte à être brève, avec le Studio Marvel et ses poulains. Ceci étant dit, les huit épisodes de la saison 1 proposent un spectacle qui est loin d’être désagréable, bien au contraire.
La meilleur défense c’est l’attaque
Il est très stimulant de voir se rencontrer tous les personnages que nous avons déjà vu évoluer séparément. Le moment était attendu et les scénaristes ont particulièrement soigné les dialogues, quitte à ce que ces derniers laissent un peu de côté la noirceur inhérente aux productions Netflix/Marvel, pour verser dans un humour néanmoins maîtrisé, qui évite de tomber dans la bouffonnerie. L’intrigue a un peu de mal à se mettre en place mais une fois qu’elle l’est, l’action prend le dessus à intervalles réguliers et le show propose des séquences de plus enthousiasmantes. Entre de courts plans-séquences renvoyant à ceux de Daredevil et des bastons bien frontales, The Defenders fait valoir ses atouts avec puissance. Derrière la caméra, l’équipe de réalisateurs effectue un boulot franchement appréciable et parvient à donner les coudées libres aux héros en soulignant de la plus pertinente et spectaculaire des façons leurs pouvoirs. Daredevil était celui qui avait été le plus gâté par l’action auparavant et nous connaissions déjà bien ses pouvoirs, mais ici, c’est tous qui s’expriment avec leurs poings. Ce qui est vraiment bien pour Luke Cage, dont la saison solo s’était avérée un peu avare en vrais bourre-pifs, tout comme Iron Fist, dont les échanges musclés sont encore plus convainquant ici qu’auparavant. Jessica Jones quant à elle, apparaît sous un jour beaucoup plus percutant, libérée de l’influence de Killgrave, et n’a pas à rougir de la comparaison avec ses comparses. Qu’ils tabassent joyeusement des hordes de bad guys armés jusqu’aux dents ou les cinq membres de La Main et la redoutable Elektra, les Defenders restent à la hauteur de leur réputation et de leurs alter-ego de papier. Même si forcément, tout ceci reste moins spectaculaire que dans Avengers, car toujours tourné sur les affrontements à mains nues où n’interviennent pas de super-pouvoirs ou de types qui se transforment en monstre vert ou qui sont capables de glisser d’une dimension à une autre. The Defenders respecte le cahier des charges Netflix/Marvel et reste dans ses meilleurs moments abrupte, dure, crépusculaire et burinée. Sans trop chercher à absolument se démarquer des séries solo par l’ajout d’effets numériques, la série chorale a le mérite de canaliser son énergie pour rester fidèle à ses idéaux. Et tant pis si huit épisodes c’est finalement assez peu et, on le répète, que la gestion du temps est de prime abord un poil inégale.
En Bref…
Le plaisir de retrouver ensemble Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist est bien là et globalement, si certains gagnent à cet union (Iron Fist principalement), personne n’y perd. The Defenders a également le mérite de proposer une vraie opposition aux héros en la personne de l’excellente Sigourney Weaver. Cependant, les choses mettent un peu de temps à démarrer et cette première saison compte un certain nombre de ventres mous. C’est dommage, tout comme l’absence du Punisher, pourtant présent dans la bande-annonce. Mais pas de raison de bouder son plaisir. The Defenders aurait pu faire preuve d’encore plus d’ampleur et frapper encore plus fort mais en l’état, elle fait le job et reste fidèle aux idéaux des séries solos.
@ Gilles Rolland