Qui était ce fameux Jean Zay ? Quelqu'un d'exceptionnellement brillant. Il a tous les prix du Concours général. Mais, contrairement à ce que l'on aurait pu attendre, il ne choisit pas Normale Sup. Il fait des études de droit. Il a une carrière politique fulgurante. C'est un radical. Député à 27 ans, ministre à 32, il le demeure quatre ans, jusqu'à la guerre. Alors, il démissionne pour rejoindre l'armée.
Nouvelle surprise, c'est un réformateur de la trempe de Jules Ferry !
Pendant ses quarante-quatre mois au gouvernement du Front populaire, Jean Zay a institué, au titre de l’Éducation nationale : les trois degrés d’enseignement, l’unification des programmes, la prolongation de l’obligation scolaire à quatorze ans, les classes d’orientation, les activités dirigées, les enseignements interdisciplinaires, la reconnaissance de l’apprentissage, le sport à l’école, les œuvres universitaires ; et au titre des Beaux-Arts : le CNRS, le musée national des arts et traditions populaires, le musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes. (Wikipedia)En outre, il est à l'origine de l'ENA. (Autre texte sur le sujet.)
Apparemment, ce qui l'aura poursuivi toute sa vie est un poème, le drapeau. Il l'écrit à 19 ans. Il s'en prend, façon "j'irai cracher sur vos tombes" de Boris Vian, au nationalisme qui a fait tuer un million et demi de jeunes Français. Il reniera ce poème, et aura une conduite héroïque pendant la guerre de 40, mais cela ne suffira pas. Il aura droit à un jugement caricaturant celui de Dreyfus, et sera finalement exécuté par la milice. (Texte du poème.)
Mais, pourquoi, avec un tel bilan, n'a-t-il pas figuré dans les manuels d'histoire de la République à côté des grands réformateurs qui ont séparé l'Eglise de l'Etat ou apporté l'éducation à tous ? Et s'il y avait eu un consensus entre gouvernants, vainqueurs ou vaincus de la guerre, sur sa culpabilité ?