Le terrible fléau a fait son oeuvre dévastatrice. Ce n'est de toutes parts, que plaintes et gémissements. Quel triste! Quel navrant spectacle! Et quelle épouvantable nuit que celle du mercredi 17 Octobre!
Revenons donc sur ce second désastre qui a frappé si cruellement notre population. Alors que tout le monde, penché sur la digue, suivait avec anxiété depuis 6 heures du soir les progrès rapides du Rhône, tout à coup, vers deux heures du matin, des cris déchirants se font entendre. "Sauvez vous, la Cèze arrive!".
vec un grondement sourd elle s'engouffre dans les rues.
Clôtures, arbres, charrettes; obstacles de toute taille, rien ne lui résiste, elle renverse et entraîne tout dans sa course folle. A peine ses eaux sont elles devant l'église et la cure, que le Rhône bondissant à son tour par dessus la chaussée, se jette à sa rencontre.
Chose curieuse dans cette lutte, le grand fleuve notre terrible voisin, semble reculer et vouloir regagner son lit. Illusion! C'était deux ennemis à la fois qui nous arrivaient. Mugissants, se soulevant l'un contre l'autre, d'abord les deux courants se combattent puis se repoussent.
Mais finalement ils mêlent leurs eaux boueuses et reprennent la même direction pour se disputer la même proie, ce malheureux pays de Codolet.
Que de fatigues pour arriver jusqu'au plus petit mamelon! Là, sans doute, c'est le salut pour ces pauvres gens et les animaux qu'ils y amènent, mais là aussi, c'est encore la frayeur, le désespoir. Du point ou ils se trouvent, en effet, Codolet disparaît tout entier.
Mais nous n'avons pas le temps? Et du reste, sommes nous au bout de nos misères? Ce n'est point ce qu'on nous annonce. Ne nous décourageons pas, soyons courageux et forts.