L’ami Bembelly sort enfin de la superficialité (apparente) et du ton léger qu’on lui connaît en général (humour et dérision, quand tu nous tiens..) pour poser une bonne question, à laquelle j’ai donc envie de répondre… cette fois 😉
je réagis d’autant plus volontiers que je suis un peu nostalgique – je l’avoue – des bonnes vieilles chaînes de blog d’autrefois, où un(e) blogueur(se) politique ou de société lançait un thème en y incluant d’autres blogueurs/gueuses de son choix, dans l’espoir de les faire phosphorer, et produire d’autres éclairages intéressants sur un sujet donné. Il faut dire, comme je l’ai écrit en commentaire de son billet, que sa question touche de près l’antifa que je suis et voudrais être. Ne nous rétorque-t-on pas si facilement (avec autant de facilité et de distance qu’en requiert d’ailleurs l’inaction, en général, sur le sujet 😉 qu’en nous opposant aux intolérants, nous nous montrons aussi intolérants qu’eux ? J’entends même des zététistes (rires… z’auraient mieux fait de rester dans leur champ d’origine, diraient moins de conneries) aller jusqu’à prétendre qu’en luttant contre le fascisme, nous lui donnerions une importance qu’il n’a pas, et l’entretiendrions… Ce serait donc nous les producteurs du fascisme ? Ça alors, je n’en reviens pas, pareille argumentation, tordue jusqu’à l’extrême, voilà qui me fait bien marrer. A ce compte là, ce seraient donc les cancérologues qui auraient fabriqué le cancer pour en vivre généreusement ? Non, je n’exagère nullement, voilà qui est du même tonneau de mauvais vin, aigre et bouchonné, sur lequel même les mouches ne tournent plus… Alors non, je ne tournerai pas autour du pot, et vous exprimerez les choses comme je les pense, très concrètement, ayant déjà pour de bon choisi mon camp, visiblement, sans la moindre ambiguïté, comme tout un chacun peut le constater chaque jour ici. Je n’ai pas besoin pour cela de recourir aux philosophes et aux écrivains, bien qu’ils auraient très certainement enrichi ma pensée, et mon expression en la matière. (je vais d’ailleurs de ce pas allez voir ce Karl Popper que Bembelly m’offre à penser). Je considère pour ma part que bien que tout débat soit utile, nécessaire et intéressant, et que la qualité de l’argumentation doit l’emporter, vient un temps où l’action des intolérants, lorsqu’elle devient aussi toxique et nocive pour l’intérêt collectif qu’en ce moment, doit trouver une opposition, ferme et efficace. On ne lutte pas contre l’extrême droite en l’ignorant, et en refusant de voir les près de 8 millions d’électeurs qui ont voté pour ce parti infâme en fRance. Et je revendique donc haut et fort mon intolérance à cette incarnation de l’intolérance. Car je refuse fermement de tolérer le racisme, le sexisme, l’homo et la transphobie, la xénophobie et autres stigmatisations qui me sont intolérables. Car lorsqu’on laisse ces formes d’intolérance s’exprimer librement, et qu’elles ne rencontrent pas de garde-fous, d’opposition ferme et visible, elles ne cessent de grandir et de se banaliser, comme on l’a bien vu aux Etats Unis avec cette incroyable flambée de propos haineux qui ont envahi la société américaine au point de devenir une forme de culture dégradée et dépravée de toute forme de morale de base (les fameux « alt-right ») qui a conduit, incroyablement au trumpisme, ce crétinisme. Dans ce cas, précisément, montrer et démontrer, visiblement et médiatiquement, massivement, qu’une grande partie du peuple américain ne saurait être assimilé à ces bas de plafond racistes, voilà qui fait sens sur le sujet dont on cause ici. En une image, voilà la réponse des intolérants à l’intolérance, à Boston : une poignée de nazi encerclée par les antiracistes et antifascistes :
Il est donc grand temps que les intolérants à l’intolérance se lèvent, massivement, partout dans le monde, et réagissent. La réponse à la question de Bembelly est selon moi la même que celle qu’on pourrait faire à propos de la liberté d’expression, à laquelle j’ai déjà également répondu ici. Elle doit nécessairement et impérativement s’arrêter là où commence celle des autres de ne pas être inquiétés, agressés, méprisés, en raison de leur origine ou de la couleur de leur peau, ou de leur apparence corporelle. Pour moi, cela n’est pas négociable, ni discutable. C’est la base même de tout débat réel possible non tronqué. Selon le dicton usuel chez les antifas, « on ne discute pas avec le fascisme, on le combat ». Arrêtons donc, enfin, de tolérer l’intolérable. C’est comme cela que le nazisme a pu autrefois s’installer tranquillement, avec la complicité des masses laborieuses et silencieuses, inactives et passives. Plus jamais ça.