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Mouhamadou F. Dioum : Ma fille

Par Gangoueus @lareus
Un homme parle à sa fille. Il décide de lui raconte son histoire personnelle. Celle d’un homme venu de l’arrière-pays sénégalais après le baccalauréat pour rejoindre l’Université Cheikh Anta Diop pour y poursuivre ses études. Youssouf. C’est un homme marginal déjà depuis son village, élevé par une mère seule qui ne survit pas à son départ. C'est aussi un hommage qu'il veut rendre aux parents biologiques de cette jeune fille...
Mouhamadou F. Dioum : Ma fille
Il découvre l’université. Sans ressource, il partage une chambre de cité universitaire avec un groupe d’étudiants ayant des profils très différents et dont il prend soin de décrire les parcours. Le religieux, le geek, l’éternel étudiant, le syndicaliste, le major de promotion... Ils forment une bande d’amis très intéressante à suivre. Le lecteur retrouvera l’esprit qui anime certaines oeuvres littéraires sur les jeunes africains que des auteurs comme le camerounais Blick Bassy ou le sud africain Kgbeteli Moele dans les romans respectifs Le Moabi Cinéma et Chambre 207. Ce roman de Mouhamadou Dioum reprend certaines thèmes comme celui de la condition précaire de la jeunesse africaine, en particulier celles des étudiants. Je m’autorise cette généralité en m’appuyant sur tous ces ouvrages. Je pourrai évoquer Tachetures du guinéen Hakim Bah. Peu de perspectives donc pour ces étudiants sénégalais. D'autres sujets connexes sont éffleurés comme la question des talibés ou 
Mais dans cette histoire racontée à « sa fille », Youssouf raconte l’épopée improbable entre Balla et Awa. Balla est un étudiant de modeste condition qui a perdu ses deux frères ayant choisi de tenter l’aventure de l’Atlantique pour s’offrir d’autres possibilités. Awa est issue des classes moyennes. Une rencontre improbable. Un homme qui croit en ses possibilités et qui est prêt à tout pour obtenir les faveurs de cette jeune étudiante. Même quand pour des raisons de rapport entre castes, il est rejeté par la famille de sa belle.
Ce texte a plusieurs lacunes. S’il est assez bien écrit, il pose problème dans l’enchainement des événements. Mouhamadou Dioum vacille entre la nécessité de rencontre l’histoire réelle et l’issue fatale de cette relation interdite entre Balla et Awa et les questions politiques et sociales. On finit par ne pas savoir exactement ce que Dioum veut traiter. Moele, par exemple, avait construit son roman Room 207 avec le désir de faire de la précarité des étudiants noirs sud-africains la démonstration des échecs de politique de réconciliation en Afrique du Sud. Ici, dans Ma fille, le propos est plus équivoque. Du coup, j'ai choisi de me focaliser sur le caractère inégalitaire de la société sénégalaise sur la question des castes. Un système si lourd que le fait même de le transgresser conduit les rebelles à une mort certaine. C'est la conclusion qui s'impose aux lecteurs.
C'est au final cette hésitation qui m'intéresse, cette réserve sur la question de la transgression qui me semble très pertinente. Mal naître est un handicap irrattrapable encore aujourd'hui. Un dernier point, la question de l'adoption est traitée trop rapidement voir même de manière inquiétante, vu le contexte de la disparition des parents biologiques d'Awa.Mouhamadou Falilou Dioum, Ma filleEditions L'Harmattan, Première parution en 2017

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