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Tourisme "paella"

Publié le 19 août 2017 par Gommette1
Tourisme "paella"

L'Espagne a subi une nouvelle attaque des terroristes islamistes, une de plus qui entraine une partie du monde civilisé dans une sidération passagère, tant ces drames sont devenus " familiers ". Alors que le pays vit aux rythmes des vacances et des touristes profitant du soleil, ces deux attentats à Barcelone et à Cambrils rappellent combien les foules insouciantes sont devenues la cible privilégiée des assassins idéologiques.

Comble de l'actualité, quelques jours auparavant, ces mêmes touristes étaient la cible d'actions violentes de groupuscules anticapitalistes et nationalistes qui rejettent le " tourisme paella ", un tourisme de masse jugé importun. Ces attaques font écho à la fronde touristophobe qui, depuis plusieurs semaines, alimente des hostilités grandissantes de la part des autochtones et notamment des Barcelonais se plaignant de plus en plus de ce " fléau " qui assure pourtant 10% du PIB et font travailler 2 millions de personnes...

Selon l'UNWTO (World Tourism Organization), le tourisme se place au premier rang des industries mondiales avec 1,2 milliard de touristes internationaux entrants en 2015 et 1,8 milliard attendus en 2030. Une croissance exponentielle puisqu'ils n'étaient que 435 millions en 1990. L'Europe reste de très loin, la zone la plus appréciée avec en tête la France qui accueille 84,5 millions de touristes internationaux et... l'Espagne avec 68,2 millions de vacanciers originaires du monde entier !

De nombreux pays semblent débordés par l'afflux de migrants estivaux qui défigure les lieux et crée une tension sourde entre les populations locales et migrantes. Le 10 août dernier, Taleb Rifai, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme, s'inquiétait dans les colonnes du quotidien The Guardian, de la " montée du ressentiment contre les touristes ", exhortant les pays sous tension à mieux gérer les territoires et à mieux impliquer les habitants. Récemment sur France Culture, Jean Viard, sociologue et directeur de recherches au CNRS, rappelait que " la mondialisation c'est aussi des hommes qui vont visiter d'autres hommes ". S'il est important que l'hospitalité soit une valeur réciproque, toutes les activités humaines transforment inéluctablement les territoires, il faut simplement réussir à ne pas trop les dénaturer. Et il faut se garder de penser que le tourisme de masse est un mal nécessaire, mais plutôt une industrie bienfaitrice, à condition qu'elle soit intégrée dans un écosystème économique et social local.

Le marketing touristique de l'expansion uniforme qui a démocratisé les vacances doit renouer avec les racines d'un marketing de la destination ouverte à la curiosité et au respect des lieux. Reste que pour nombre de " touristes ", voyager consiste à stationner à un endroit pour passer des vacances au soleil d'une plage et s'attabler devant une paella...

Photos : D.R.


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