PAR BERNARD VASSOR
Privas, l'oeil clair, les ch'veux en brosse, Dans un art subtil et charmeur, Chant' l'amour de la voix féroce D'un vieux colonel en fureur. Le plus innocent parapluie Prend l'air si terrible à son bras Qu'on croirait, lorsqu'il le manie Voir le cim'terr' de Saint Privat Gaston Sécot A suivre........... Antoine Taravel vit le jour à Lyon le 27 septembre 1863. Il eut pour parrain Joséphin Soulary* avec qui il se brouilla plus tard pour l'avoir appelé Péladan par (malice) inadvertance..... Engagé dans l'armée, il obtint un grade important. Quand on apprit au ministère de la Guerre qu'il composait des chansons, on le dépouilla de son grade pour le faire passer ouvrier charron dans la sixième compagnie du train. Fort heureusement le Conseil d'État cassa cette décision et le maintint dans ses fonctions, mais le dégoûta quand même de l'uniforme qu'il portait. Laurent Tailhade le décrit comme "un robuste garçon, d'encolure et de taille peu commune, sanguin, carré, avec dans une face aux traits larges, la flamme d'un regard compréhensif et doux, élégiaque, tonitruant, mais plein d'urbanité, c'est ainsi que chaque soir, au Carillon montmartrois, aux Noctambules, partout où l'on chante de beaux vers, apparaît Xavier Privas" Après un bref passage au Chat Noir, il fit partie de ceux qui tentèrent de ranimer le Procope en 1892: "Et de Procope éteint rallumer le flambeau" et de renouveler un cénacle à la Murger ! Les poètes symbolistes y avaient table ouverte et le montant de leurs ardoises fit pâlir de jalousie les poètes classiques qui se convertirent, attirés par le fumet "de cuisine libérale" de ce pays latin. Verlaine entouré d'une meute de fidèles y installa bientôt ses pénates avec son ami le clochard Bibi-la-Purée, ancien curé qui incurgitait autant d'absinthes que son ami Paul Verlaine. Mais revenons à notre ami Privas A SUIVRE........ *Poète Lyonnais, chef de bureau à la préfecture du Rhône.