Nous poursuivons ensemble la relecture cet été du Journal de Jules Renard avec des extraits que j’avais aimés. Merci pour vos commentaires. Oui, c’est un monument ! Nous sommes en 1898, mais ce pourrait être aujourd’hui. Bon été !
1898
2 janvier :
Pour nous punir de notre paresse, il y a, outre nos insuccès, les succès des autres.
1er mars :
Mallarmé, intraduisible, même en français.
1 avril :
Enfin seul, sans s.
8 avril :
Mes façons de penser, je les emprunte volontiers : je ne tiens qu’à mes façons de sentir.
29 avril :
Ne dites pas à une femme qu’elle est jolie. Dites-lui seulement qu’elle ne ressemble pas aux autres, et toutes ses carrières vous seront ouvertes.
9 mai :
L’inspiration, ce n’est peut-être que la joie d’écrire : elle ne la précède pas.
21 mai :
Bêtise humaine. « Humaine » est de trop : il n’y a que les hommes qui soient bêtes.
1 août :
Tant qu’un homme ne s’est pas expliqué le secret de l’univers, il n’a pas le droit d’être satisfait.*
Le même jour :
La rêverie est le clair de lune de la pensée.
Et encore :
On aime d’abord la nature, Ce n’est que bien plus tard qu’on arrive à l’homme.
19 novembre :
Dieu ne croit pas à notre Dieu.
25 novembre :
Écrivez vingt livres. Un critique vous jugera en vingt lignes, et vous ne serez pas le plus fort.
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