Pour commencer, d’où vient ton nom ?Devi est mon deuxième prénom et « reed » signifie « roseau » en anglais. C'est une plante qui me parle, car elle plie mais ne rompt jamais. Il y a une fable à propos d'un chêne et d'un roseau… Une grosse tempête arrive et le chêne se moque du petit roseau, mais c’est le chêne qui finit par tomber, alors que le roseau reste debout… Après le grand et majestueux banyan, on peut dire que je reviens en solo en tant que roseau !
Effectivement, on te connaît depuis quelques années comme chanteur du groupe The Banyans, qui a sorti deux albums et donné plus de 400 concerts. Que représente le groupe pour toi ?Je ne peux pas décrire ce qu’il représente, ce projet m'a tellement apporté ! Ce sont mes premières expériences de scène et de studio, du petit bar du coin au Zénith de Paris, du home studio aux studios Davout… C’est aussi beaucoup de rencontres, de fous rires, de travail, de bonheur, de combat et de persévérance ! Ça m'a permis de réaliser des rêves, d'avancer dans ma passion et de faire passer le message en tournée comme sur album. Se retrouver en studio avec Big Youth ou Johnny Osbourne en Jamaïque, parler de Bob Marley avec Aston Barrett en première partie des Wailers… Forcément, ça restera gravé à vie !
Depuis quand songeais-tu à proposer un projet perso ? Les Banyans ont une couleur musicale bien précise, du roots reggae universel chanté en anglais. Ça faisait longtemps que je voulais exprimer les influences et inspirations que j'ai depuis tout petit. J'ai grandi entouré de musiciens, avec beaucoup de reggae à la maison, mais aussi du hip-hop, de la soul, de l’électro, notamment avec mon grand frère… Voilà pourquoi, depuis mars 2016, j'ai lancé ce projet sous mon propre nom.
Comment s’est déroulée la réalisation de ce premier EP ?Certaines compositions datent de quelques années, d'autres sont plus récentes. Après une tournée intense pour le deuxième album des Banyans, j'ai pris le temps de me ressourcer. Je suis parti seul sur une île grecque, c'est là que j'ai écrit le titre « Quoi de Plus Beau ». Après plusieurs semaines en solitaire, j'ai pris conscience de ce besoin d’être en contact avec les autres, de la joie des tournées et des rencontres… A mon retour, j'ai monté les morceaux en guitare/chant, puis j'ai commencé à les jouer en duo acoustique avec percussions. Nous avons fait la première partie de Clinton Fearon et Nâaman. Le public a vraiment bien réagi, ce qui m'a motivé à finaliser les compositions. Nous avons fait une tournée de vingt-cinq dates l’été dernier, ainsi qu'une autre en Angleterre à l'automne…
Avec qui l’as-tu enregistré et où ?J'ai travaillé principalement avec Tamal sur Paris, entre son home studio et les studios Davout. Nous avions déjà bossé ensemble sur For Better Days. C'est un ami, un ingénieur du son et un beatmaker exactement dans le style que je recherche. J'ai aussi travaillé sur Toulouse avec Clem, batteur des Banyans, qui m'accompagne à la batterie sur ce projet, et Otam, beatmaker, mon autre acolyte. Sans oublier Jay, ancien guitariste des Banyans, qui est notre manager et tourneur.
Pourquoi ce titre d’Essence Of Life ?J'avais envie de parler de cette essence si puissante et si belle qui vit en nous tous, cette énergie qui nous réunit, sans question de religion, de race ou de sexe. On peut y voir une notion scientifique ou spirituelle. Cet amour existe partout et en chacun de nous. De plus, avec ce projet, je reviens vraiment à mon essence. J'ai eu envie de retrouver l’adolescent qui écrivait des textes en français, qui ne se limitait pas à un style, qui écoutait simplement son cœur, sans se préoccuper du jugement des autres…
Quel est le fil conducteur des sept titres qui le composent ? Je dirais que c'est l'amour et le respect de soi, la connaissance et la confiance en soi, pour pouvoir connaître et aimer les autres ; on peut retrouver ça dans chaque morceau. Musicalement, il y a une base hip hop, parfois électro, mélangé au reggae. Le dernier morceau est en acoustique, pour finir sur une note plus intimiste.
Avais-tu en tête dès le départ de faire un album court ? En fait, je suis monté sur Paris pour mettre quelques compositions en place, sans même l'idée de sortir un mini-album. On pensait juste à un ou deux singles… Finalement, après quelques sessions, il y avait de quoi faire un EP. On aurait pu en mettre plus, mais on a préféré garder les titres les plus représentatifs pour découvrir mon univers…
Premier clip avec « Quoi de Plus Beau », comment s’est fait le choix du morceau ? Je souhaitais sortir d’abord un titre qui rassemble les gens, en français, car presque personne ne m'a entendu chanter en français auparavant ! Pour bien marquer la différence avec les Banyans, c’est le bon premier extrait. Le second clip, « Essence Of Life », est sorti le 28 avril.
As-tu déjà un album en préparation ? On travaille beaucoup, avec Clem et Otam, pour défendre le projet en live à trois. On sera au Nouveau Casino à Paris, le 19 mai, soir de la sortie, puis au Rototom Sunsplash, Reggae Sun Ska, Zion Garden, ainsi que plein d'autres dates cet été… Le prochain album est en préparation, avec de belles collaborations prévues. Nous testons actuellement de nouvelles compositions en live, pour ne garder que les meilleures !
Que se passe-t-il du côté des Banyans ?Nous avons récemment pris la décision d’arrêter le groupe. Ça a été un choix long et douloureux, mais réfléchi. Nous sommes tous partis dans différents projets après le second album. Nous avions besoin d'air frais et, maintenant, nos projets nous prennent trop de temps pour continuer le groupe. Nous tenons à remercier tous les gens qui nous ont soutenus, autant le public que les professionnels. Nous n’oublierons jamais cette aventure. Tout ce que l'on a semé est loin d'être perdu et va nous accompagner pour la suite. Nous continuerons à partager le même message, la même vibe, avec nos nouveaux projets respectifs. Comme le dit Monsieur Marley : « When one door is closed, many more is open… ».
Simba
http://www.khanti.frhttps://www.facebook.com/devi.reed(pour Reggae Vibes Magazine #54 - juin/juillet 2017)