Pour la quatrième année consécutive, les équipes de La Mamie’s et de Cracki records se sont données rendez-vous pour deux après-midi de java dans l’antre du parc de Carrières-sur-Seine. Se joignent à eux une énergie débordante, l’envie de bien faire et les zigotos du Camion Bazar, toujours présents pour aider à distiller cette magie ambiante.
Malgré des attentes exigeantes, suite aux nombreuses éloges professionnelles et aux bruits qui courent sur ce festival, qui résonnent désormais dans toute la France, la surprise et l’émerveillement subsistent. Un espace retravaillé aux gouts et couleurs des organisateurs donne lieu à un bric à brac de tout ce que l’on aime : une restauration qui va de la barbe à papa aux pizzas, des tours de pédalos pour les passionnés de sports d’été, des canapés, fauteuils et constructions DIY pour reprendre son souffle quelques minutes, les néons colorés accrochés aux arbres qui font scintiller ce délicieux parc, un point d’eau gratuit et illimité (bien trop souvent négligé par les organisateurs), friperie et stand de fringues, ainsi qu’un espace au bord de la Seine pour se prélasser, en retrait de l’agitation du festival sans pour autant perdre une miette des tracks toujours audibles.
En ce qui concerne l’installation scénique, le Macki mise cette année sur trois scènes aux tailles et objectifs bien délimités, assurant donc une complémentarité étudiée et une offre d’ambiances multiples. La scène principale assure quasi-exclusivement les concerts live et devient donc témoin privilégié d’un défilé artistique qui s’écoule au compte-goutte, au rythme d’un concert toutes les deux heures environ. A quelques mètres, une plus petite scène, plus intimiste, captera l’attention de la majorité des festivaliers en accueillant la plupart des DJ sets. Celle-ci est entourée de végétation et d’arbres rapidement pris d’assaut par le public et tourne le dos aux vieilles briques blanches des maisons de Carrières-sur-Seine. Enfin, la troisième et dernière scène, éveille la flore abondante et se transforme en terrain de jeu pour les fidèles du Camion Bazar.
Nous arrivons un peu tard sur le site, légèrement dérouté par la durée du trajet, signe d’un évènement à l’échelle parisienne. Ballons et rigolades sont de mise dès le samedi après-midi, accompagnés d’un soleil éclatant et de multiples titres Disco exotiques distillés par les fanfarons Antal et Hunee pendant quatre heures durant : les 20 ans du label et disquaire Rush Hour, ça se fête ! Voici l’avant-goût avec lequel s’arme le Macki pour embaumer ses festivaliers d’un parfum unique, prémisse d’un week-end enflammé. Les titres varient sans jamais laisser retomber la tension et la vibe qui s’en émane. On vous laisse juger par vous-mêmes sur les rares tracks reconnus.
Un aller-retour vers les joyeux drilles du Camion Bazar nous plonge définitivement dans la danse épicurienne qu’offre le Macki. Ces derniers résistent aux tentatives d’assauts continus des festivaliers et instaurent un espace d’extase collective où les vibrations colorées ainsi qu’un imposant flamant rose trônent en tête de gondole. Le Camion Bazar, sa déco pleine d’énergie et de saveurs, se glisse dans l’ombre des grands arbres qui le surplombent, comme les portes floues d’un dancefloor mystique et atemporel.
A peine le temps de glisser deux mots à Antal et Hunee à la fin de leur marathon, que Soichi Terada démarre son live d’une heure sur la grande scène. L’O.V.N.I Japonais s’empare de ses plus belles machines pour délivrer un set chaleureux et langoureux. Une House mélodieuse et colorée rappelant les vingt bougies du gâteau d’anniversaire du label hollandais Rush Hour. Mr. Terada n’hésitera pas à pousser la chansonnette et quelques déclarations d’amour en Français, qui plus est. Toute l’équipe du label est sur scène pour accompagner leur dernier représentant, le docteur San Proper fait des siennes tandis que Terada exulte de bonheur. Un adieu en apothéose pour clôturer cette merveilleuse première journée.
La journée du samedi, si forte en émotion aura des conséquences sur la suivante. En effet, le parc peine à se remplir en ce beau dimanche et laissera une certaine sensation de manque en comparaison avec la veille… une sensation cependant temporaire. Nous-mêmes, difficilement remis de la veille, débarquons un peu tard sur la fin du DJ set de Folamour, résolument Disco.
Mall Grab, particulièrement en forme, prendra la suite et saura revigorer les jambes lourdes des fêtards. Un début de set prenant ses repères sur des titres Disco et glissant proprement sur de la House. Alors que le soleil prépare sa descente, les Péruviens de Los Wembler’s De Iquitos s’échauffent dans un premier temps au pédalo et grimpe sur la scène ensuite. Ces six vieux briscards, dotés d’une fougue impressionnante distillent leur style de prédilection : la Cumba péruvienne. Ce concert sera assurément l’une des plus belles surprises de ce festival, preuve de l’impeccable et génial éclectisme proposé par le Macki Music Festival. Une fois le show made in South America terminé, on accoure vers les dernières ondes sonores distribuées par Mall Grab qui résonnent comme une douce et heureuse mélancolie de fin de weekend.
Mezigue reprendra ensuite le flambeau pour un live d’une heure. Cependant, la claque du week-end nous empêchera de voir l’intégralité du live de Mezigue. Rendez-Vous s’installe sur scène quelques minutes après Mezigue et nous scotchera du début à la fin. Le style très difficilement identifiable du groupe, mélange de New-Wave aux sonorités kitsh et heavy, porté par ses quatre membres survoltés sur scène, donnera lieu à quelques mémorables pogos et mettra en transe la foule du Macki. Une fois de plus, le festival assume sa diversité et souligne à nouveau la qualité de sa programmation.
22h : la nuit pointe le bout de son nez et laisse le champ libre à Renart pour un live d’une heure. Celui-ci électrise et conquiert les derniers festivaliers. Le fier représentant de la maison Cracki Records délivre une musique peu entendue durant ces deux jours à Carrières-sur-Seine. Un style particulier qui lui est propre, arborant aussi bien une Techno dense, efficace et actuelle, que des sons expérimentaux électroniques digne de l’époque des premiers synthétiseurs. Malheureusement, le temps nous presse et nous devons laisser jouer Renart, qui restera privé du déhanché de l’équipe Electrocorp.
C’est donc avec des crampes aux jambes mais la tête dans les étoiles que nous nous faufilons vers les navettes pour rejoindre notre douce Paris endormie. Voilà peut-être le seul bémol du Macki Music Festival : malgré une programmation prévue jusqu’à minuit, l’organisation des navettes retours impose un départ des lieux du festival vers 22h30 pour assurer un retour à bon port. Un petit regret que de manquer les instants finaux, mais qui n’entache en rien la qualité de ce festival et l’audace de ses organisateurs, ayant réussis à allier brillamment des styles de musiques très pointus et éclectiques tout en restant « grand public ». Le Macki est un bel exemple d’éducation musicale et un véritable bijou en termes de manifestation culturelle. Chapeau !
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