Nous sommes fiers de Descartes, Condorcet et autres Pascal. Ce sont les géants sur les épaules desquels nous sommes perchés. Pourtant, à leur époque, la sélection du talent se faisait par la naissance. Idem pour nos grandes écoles. Le genre de sélection qui s'y pratiquait, aux origines, n'avait rien à voir avec ce qui se fait aujourd'hui. Et pourtant, ce sont leurs premières générations d'élèves qui ont fait leur réputation.
Ce qui a fait Pascal, Condorcet ou Descartes, ce sont les acquis culturels de leur temps. Idem pour les grandes écoles : elles étaient les seules à détenir un savoir scientifique, qui était alors une innovation. Autre exemple : Bill Gates aurait déclaré que peut-être seulement cinq personnes auraient pu faire ce qu'il a fait, tant il s'est trouvé dans des circonstances favorables. (Ce qui ne diminue pas son mérite.)
Le rôle de la sélection humaine n'est donc pas de détecter le talent, elle en est incapable. Mais d'éviter les embouteillages. Il n'y a pas de place pour des armées de dentistes, par exemple. Seulement, le fait que notre "élite intellectuelle" se rue comme un seul mouton à la poursuite de la première mode qui passe, montre qu'une sélection excessive peut aussi avoir des effets pervers. Elle crée un esprit ritualiste et non pas rationnel. Pour les éviter, il serait bien de commencer par arrêter de se bercer d'illusions quant aux objectifs de la sélection ?