Il peut sembler ridicule de désigner ainsi en 2017 un roman publié en 1895, Paludes de Gide. Aussi vais-je me consacrer à justifier mon titre.
Son objet consiste en un mot Paludes passablement énigmatique même si la page 69 nous donne une espèce de définition : « c’est l’histoire d’un terrain neutre, celui qui est à tout le monde… – mieux : de l’homme normal, celui sur qui commence chacun ; -l’histoire de la troisième personne, celle dont on parle – qui vit en chacun et qui ne meurt pas avec nous. – Dans Virgile, il s’appelle Tityre. » Comprenne qui pourra sauf qu’il s’agit aussi du nom du roman qu’écrit l’auteur qui parle à la première personne. Il ne peut donc accéder qu’aux autres, personnes, paroles et textes.
Dès lors, comment rendre compte de ces interrelations alors que « les événements racontés ne conservent pas entre eux les valeurs qu’ils avaient dans la vie » (p.45) ? En outre, « l’acte comme il faut responsable, c’est l’acte libre » (p.75) dans la « contingence » (p. 69). Dès lors, l’homme moyen, pardon normal (p.76, 77), (moyen, c’est Durkeim) n’existe pas : « est-ce que je fais de la statistique? » (p. 80).
Cette « sotie » c’est-à-dire « satire sociale ou politique » écrite à la première personne, refuse tout regard extérieur, tout objet posé a priori pour enregistrer, d’un seul point de vue, les relations aux autres. Elle présente il y a plus d’un siècle quelques questions soulevées par la phénoménologie et que nous rencontrons aujourd’hui en anthropologie.
- Traimond