Je ne connaissais ni Viv Albertine, ni les Slits.La période punk m'est complètement étrangère.je suis trop jeune pour l'avoir connu et ma connaissance du mouvement punk est limitée aux punks à chien et aux épingles à nourrice.Musicalement, je n'arrive pas à écouter les Sex Pistols plus de 10 minutes. Je préfère nettement les Clash.Je connais les noms de Malcolm McLaren et Vivienne Westwood sans avoir une idée précise de qui ils étaient vraiment.Je connais le destin de Sid Vicious dans les grandes lignes.C'est à peu près tout.Autant dire quelques clichés, proche de rien.Cette autobiographie représentait une belle opportunité de mieux comprendre cette période.Dès les premières lignes, Viv Albertine déclare que pour écrire son autobiographie, il faut soit être un connard, soit avoir besoin d'argent. En ce qui la concerne, elle confesse qu'il y a un peu des deux. Le ton est donné.Viv Albertine n'a pas sa langue dans la poche et est dotée d'un solide sens de la répartie.Il ne servirait à rien de livrer un compte-rendu chronologique de ce livre. Je préfère tenter de vous donner simplement envie de voir par vous-même. Parce que, je dois l'avouer, il m'a vraiment séduit. Je craignais une compilation de souvenirs d'ancien combattant. Je me trompais. Ce livre est beaucoup plus et il mérite qu'on s'y arrête.
Viv était là.
Mais elle ne voulait pas se contenter d'être la petite amie de...Elle voulait exister.Puis elle découvrit Patti Smith qui brisait l'image policée de la chanteuse ni hypersexualisée, ni potiche. Elle tenait la dragée haute aux hommes. Elle dégageait une sexualité décomplexée en affirmant sa féminité.Les Sex Pistols lui firent ensuite comprendre qu'elle pouvait s'exprimer en musique, même si elle n'était qu'une guitariste moyenne.Sa chance fut d'intégrer un groupe dont on commençait à parler: les Slits.A l'époque, les filles dans la musique étaient majoritairement cantonnées aux seconds rôles. Elle ne pouvaient que chanter. Elle ne jouaient pas d'instrument, à l'exception de Joan Baez ou Joni Mitchell (ou Karen Carpenter dans un autre genre).Un groupe de fille qui ne soit pas un groupe vocal comme les Supremes était une anomalie.Les Slits s'en foutaient.Son autobiographie offre un beau portrait de femme, qui traite frontalement de questions rarement abordées sur l'émancipation de la femme en tant qu'individu dans la société, dans le couple et simplement face à elle-même.
Part contre, petit bémol sur la traduction. Les titres de chapitres renvoient régulièrement à des titres de chansons. Certaines ont été traduites, perdant l'allusion à la chanson. D'autres ont été adaptées avec une note explicative. Quelques unes ont été laissée en anglais. Il aurait peut-être fallu un peu plus de cohérence.