Vic Mensa « The Autobiography » [deluxe edition] @@@@
Sagittarius Laisser un commentaireXXL freshman de la promo 2014, Vic Mensa a connu un début de carrière relativement fulgurant. Révélé par hasard lors d’un concert des Gorillaz et propulsé par Kanye West sur quelques collaborations, notamment par le biais du single « All Day » qui lui vaudra une nomination aux Grammy Awards, il réalise une première pige pour Def Jam avec l’EP There’s A Lot Goin’ On. C’est Jay-Z qui finira par mettre le grappin dessus en le signant en tant qu’artiste chez Roc Nation, planifiant un nouvel EP, The Manuscript, prélude à The Autobiography. Victor Mensah n’a que 24 ans mais il a une histoire à nous raconter, celle d’un garçon du South Side qui a vu Chi-town sombrer dans la violence depuis plusieurs années pour Chiraq.
Le commencement de cet album avec « Didn’t I » nous paraît bien familier, avec un sample de soul qu’affectionnait Kanye West il y a… Pas étonnant dans le fond, Kanye est la référence et Vic a grandi avec sa musique. Pas étonnant non plus car No I.D. est dans le coup. Après avoir lancé Common, Kanye West, le directeur artistique de Def Jam a tout intérêt à suivre notre garçon de près, d’ailleurs il est le producteur exécutif de ce premier album studio, pas Jay-Z. C’est à se demander si Jay-Z, après lui avoir laissé produire tout son dernier album 4:44, ne le débauchera pas à terme pour un poste similaire chez Roc Nation (simple spéculation). D’autres producteurs se sont penchés sur ce projet, les 1500 or Nothing, Pharrell Williams, Mike Dean et des noms comme Papi Beatz et Smoko Ono.
Le récit reprend avec « Memories on 47th St.« , revenant sur l’incident de le Lollapalooza en 2015 quand il se prend 15000 volts en touchant un transfo alors qu’il grimpait sur une passerelle (si j’ai bien suivi), expérience qui a failli lui coûter la vie. Vic Mensa adore la scène, à ses risques et périls comme on a pu le voir, alors autant avoir une attitude qui va avec. « Rollin’ Like a Stoner » (qui figurait sur son précédent EP) est un égotrip -à double titre- de rappeur rock star wanna-be. La touche de Mike Dean pour rendre l’atmosphère plus ‘lean-esque’ est palpable. En parlant de rock, Vic n’a pas de complexe à s’y frotter, soit en invitant sur « Homewrecker » les Weezer (« Buddy Holly » dans les années 90 ça vous rappelle rien pour ceux qui étaient déjà nés?), soit en proposant directement un titre pop/rock comme « Coffee & Cigarettes« . Un peu plus ‘Coldplay’ dans l’esprit, « Rage » (en bonus track) fera bien l’affaire. Ce qui ressort de sa façon d’être, ses textes et son flow, est qu’il n’a rien de bien agressif, Vic peut aisément passer pour rappeur « gentil » comme son camarade de label J.Cole.
Petit à petit on commence à réaliser que le rappeur a aussi de bonnes aptitudes au chant, sur les morceaux que j’ai déjà cité, ainsi que sur « The Fire Next Time » et « We Could Be Free« , où il part dans les aigus. En fait, The Autobiography est un album plus varié que prévu. « Wings » avec Pharrell et Saul Williams ressemble à une prod échappée de Seeing Sounds des N.E.R.D. Impossible non plus d’échapper à « Gorgeous » dans un genre crossover r&b new-wave en compagnie de Syd the Kyd (avec un petit finish à la guitare électrique). Entre temps, Vic revient sur les terres de Chiraq avec les sulfureux Chief Keef et Joey Purp avec la petite tuerie « Down for Some Ignorance (Ghetto Lullaby)« , histoire de montrer aussi qu’il n’y a pas de barrière avec les rappeurs influents de la drill music. Petit plaisir pour la fin, la version deluxe prolonge la durée avec « OMG » avec Pusha T et un beat dangereux de Pharrell, titre qui figurait également sur The Manuscript EP.
Avec lui et Chance the Rapper, la relève de Chicago est bien là. Les scores de vente n’ont pas été au rendez-vous (à cause de la période estivale et de son leak deux semaines trop tôt?), c’est bien dommage, mais il faut surtout retenir malgré tout qu’il répond avec The Autobiography à toutes nos attentes et même un peu plus. Parions qu’il attirera plus l’attention sur lui la prochaine fois, il mérite.