Le christianisme de Joachim de Flore, de saint
François d'Assise, de Maître Eckhart, celui de
l'espérance
des peuples, celui des cathédrales, la
Renaissance
l'a détruit. A la Renaissance
beaucoup
de choses sont mortes. Et d'autres sont nées
qui
aujourd'hui nous tuent.
La
Renaissance, avant d'être un phénomène de
culture,
c'est d'abord la naissance simultanée du
capitalisme
et du colonialisme. L'un et l'autre
s'impliquent,
et ils se traduisent, sur le plan de la
culture,
par l'exaltation de la volonté de puissance de
l'individu,
de plus en plus indifférent au divin, et
faisant
de la science, séparée de la sagesse, la servante
des
appétits de domination sur la nature et sur les
hommes.
C'est
alors qu'en Occident a pris naissance un
nouveau
culte des idoles dorées de la puissance.
L'aventure
coloniale, condition nécessaire de
l'accumulation
primitive du capital, a commencé avec
le
génocide indien : en Amérique, des aventuriers
possédés
par la fièvre de l'or massacrent les hommes et
détruisent
les civilisations de tout un continent.
Elle a
continué avec le plus atroce attentat contre
l'unité
humaine : la traite des nègres d'Afrique. Dix
millions
d'esclaves sont déportés en Amérique pour
remplacer
le travail forcé des Indiens décimés. Dix tués
pour un
captif. Cent millions d'hommes détruits.
Enfin,
en imposant sa domination coloniale à
l'Asie
elle a étouffé, pour un siècle, le développement
de ses
cultures.
Nous
mesurerons, sur trois exemples seulement,
l'ampleur
de ces occasions perdues de l'histoire, de ces
dimensions perdues de
l'homme.
Roger Garaudy
Comment
l’homme devint humain, pages 250-251
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Histoire,
Roger Garaudy