Et voilà, c’est reparti pour nous en mettre plein la gueule! Des émotions, je veux dire. Quand c’est signé Marie-Thérèse Fortin, on sait que ça va être bon. Et pourtant, on reste estomaqué que ça le soit autant, meilleur encore que ce à quoi on s’attendait. Je parle du spectacle Ils ne demandaient qu’à brûler, au Cabaret d’Eastman, en cette première journée des Correspondances. Un florilège sur fond musical des poèmes de Gérald Godin et des chanson écrites ou interprétées (c’est pareil, car en les chantant, elle les recréait) par l’inoubliable Pauline Julien. Des mots qui nous rentrent dedans, portés par la voix magnifique et l’intensité poignante de Christian Vézina, par celle chaude et pleine de Marie-Thérèse Fortin et par le jeu inspiré d’Yves Léveillé. La puissance des mots lorsque la parole est incarnée, ancrée dans l’expérience pleine et entière, avec ses joies délirantes, ses peines sans fond, ses angoisses déraisonnables, ses colères noires, ses espoirs fous. Tout l’humain en synthèse dans Une sorcière comme les autres ou dans les Cantouques bien sentis de Godin. Et l’engagement, et l’espoir d’un pays. Les larmes aux yeux que j’ai encaissé tout ça. Touchée à l’os. Nostalgique aussi de cette époque où on a bien cru qu’on se le donnerait, ce pays. Faudra peut-être le faire autrement, me dit une amie, au sortir du spectacle. Oui, sans doute… Une chose est certaine, la parole est notre seul espoir, la parole et ce qu’elle permet de sauver ce qu’il y a d’humain dans la bête humaine.
Christian Vézina, Yves Léveillé et Marie-Thérèse Fortin