Paru en 2015, Ceux de Corneauduc est le premier volume d'une tétralogie, qui conte les aventures médiévales d'Alphagor Bourbier de Montcon et de Gobert Luret, dont les alias, Braquemart d'airain et Ventrapinte, soulignent le trait saillant.
Comme la couverture le laisse présumer, les aventures des deux compagnons sont franchement éthyliques, alcooliques repentis s'abstenir. Mais elles sont aussi paillardes, culs serrés s'abstenir, et riches en bagarres épiques, âmes sensibles s'abstenir.
Dans cet épisode, les deux compères, qui chassent Corneauduc, c'est-à-dire qui braconnent, l'un héros de croisade, l'autre forgeron, se trouvent mêlés à une lutte dantesque entre le duc Freuguel de Minnetoy-Corbières et le baron Robert du Rang Dévaux.
La femme de leur litige est la duchesse, la belle Camilla Clotilda di Capodistria, qui, épouse de l'un et amante de l'autre, est surtout intéressée par le pouvoir et méprisent l'un comme l'autre de ces deux coqs qui se battent soi-disant pour elle.
Il y a bien sûr, dans l'histoire, une taverne, le Sanglier Noir, dont le tenancier est Maître Morrachou, et une auberge, le Godet-sans-fond, dont l'alberguier est Maître Hans van der Klötten et la reine des lieux, son épouse Hilda, à la chair abondante...
Il y a bien sûr, dans l'histoire, beaucoup de cornes qui apparaissent au front des maris et d'hommes surpris en besogne; beaucoup d'héroïsme en paroles, encouragées par l'absorption de bière, de vin ou d'eau-de-vie; beaucoup de corps à corps improbables.
Qui donc lira pareille épopée, rabelaisienne? Ceux qui ne prennent pas la vie trop au sérieux et aiment en rire, surtout quand elle est caricaturée à l'envi, dans une langue pleine de vigueur où les auteurs, qui s'amusent bien, ne craignent pas d'appeler un con un con...
Francis Richard
Ceux de Corneauduc, de Sébastien G. Couture et Michaël Perruchoud, 308 pages Editions Cousu Mouche