Salvation est une nouvelle série de 12 épisodes diffusée depuis la mi-juillet sur les ondes de CBS aux États-Unis et Global au Canada. Dans une université de Boston, nous avons Liam Cole (Charlie Rowe), un jeune étudiant surdoué en astrophysique qui a récemment créé un logiciel qui vient de lui confirmer la confrontation inévitable entre un astéroïde et la Terre. Grâce à quelques contacts, il parvient à alerter Darius Tanz (Santiago Cabrera), le richissime génie de l’informatique qui a aussi ses entrées au Pentagone. La défense étant au courant du problème, la situation presse étant donné que le cataclysme se produira dans exactement 186 jours. Seulement, les deux entités ont une vision bien différente pour éviter la catastrophe. Un peu plus conservatrice que ces séries de l’été dernier, CBS nous offre néanmoins une fiction divertissante avec plusieurs rebondissements, sans pour autant tourner les coins ronds. Et malgré ses quelques défauts, le sous-texte de Salvation nous renvoie surtout l’image d’une Amérique très « Trump » qui se regarde un peu trop le nombril.
Sauver le monde ou se sauver soi-même ?
Lorsque Darius, accompagné de son nouveau protégé Liam se rend au ministère de la Défense, son secrétaire adjoint Harris Edwards (Ian Anthony Dale) admet rapidement être au courant de la menace qui pèse sur leurs têtes. Il ajoute aussi qu’ils ont un missile qu’ils lanceront bientôt afin d’anéantir une fois pour toutes l’astéroïde. Seulement, après une petite enquête, Grace Barrows (Jennifer Finnigan), l’attaché de presse du Pentagone découvre qu’il y a peu de chances que le plan du gouvernement réussisse, si bien qu’elle s’allie avec Darius et l’aide même à lui procurer de l’uranium. C’est qu’en parallèle, le scientifique à un une autre option : s’il est impossible de freiner le désastre, un vaisseau avec une capacité d’accueil de 160 personnes est en construction et contiendrait assez d’énergie pour se rendre jusqu’à la planète Mars. Néanmoins, le groupe n’est pas à court d’options puisque les événements évoluent très vite. La défense américaine a bel et bien en sa possession une arme capable de frapper en plein cœur l’astéroïde, mais les fragments risquent de causer plus d’un milliard de morts en Asie. Peut-on se permettre une telle hécatombe ? Pour le moment, il semble que ce soit la seule option.
Des morts-vivants prêts à prendre le pouvoir à la maison blanche dans BrainDead à un tueur en série refaisant surface dans American Gothics, si on pouvait saluer ces ballons d’essais estivaux 2016 de la part de la conservatrice CBS, on déchantait rapidement en raison de la qualité du scénario. Nouvelle année, nouvelle tentative : pour un divertissement ayant un pas dans la science-fiction et traitant majoritairement d’astrophysique, Salvation réussit à simplifier au mieux les intrigues tout en demeurant crédible. En même temps, on ne reste pas la tête levée vers le ciel ou dans les feuilles de calculs. Ce sont par exemple Grace ou Liam qui assument la portion « dimension humaine », eux qui s’interrogent sur l’avenir qu’ils veulent léguer à leurs proches ou à la génération future (en admettant qu’il y en ait une…).
Sinon, l’heure est aux choix. Du côté du gouvernement, on tente de limiter les dégâts tandis que Darius pense déjà à l’après-cataclysme. Honnêtement, concernant cette intrigue, même après trois épisodes on est toujours perplexe quant à la suite que nous réserve la série. Les personnages ayant près de trois mois (et les téléspectateurs douze épisodes) pour anéantir ou faire dévier de sa trajectoire l’astéroïde, on s’imagine que les options ne manqueront pas. C’est plutôt l’éventuelle tentative du voyage sur Mars à laquelle on adhère le moins. En effet, ce thème serait assez riche pour faire l’objet d’une série à part entière, tandis qu’avec Salvation, on reste dans le superficiel de ce côté. On a bien Darius qui engage Jillian (Jacqueline Byers), la nouvelle petite amie de Liam qui est auteure afin qu’elle réfléchisse au monde de demain sur une autre planète, comme s’il s’agissait d’une fiction. Néanmoins, on est persuadé que son apport aux intrigues demeurera mineur et qu’elle jouera plutôt le rôle de conscience de son petit ami soumis à des choix difficiles.
« Faites-nous confiance »
CBS étant la chaîne la plus « blanche » des networks, c’est aussi la plus conservatrice et Salvation est le reflet, peut-être inconscient, d’une Amérique qui a élu un prédisent partageant la même vision d’une grande partie de sa population. Par exemple, on a Harris qui a beau s’avérer très sympathique, il représente l’État. Ici, c’est synonyme d’une machine gouvernementale cachotière, extrêmement lente, parce qu’engluée dans une bureaucratie qui dans ce cas va jusqu’à anéantir la sécurité de son pays. Cet échange entre Grace et Darius vient renforcer assez peu subtilement cet état d’esprit : (G) « Did you believe anything he said in there about having it under control? » (D) « Oh, we’re not gonna wait for the government to save us. We’re gonna save ourselves. » Au contraire, on nous vend ce dernier comme étant le véritable héros de l’émission. Indépendant de fortune, il a créé son laboratoire pour l’amour de la science et de ses concitoyens.
Pourtant, tout comme Harris, il redoute la presse incarnée ici par la jeune journaliste Amanda (Shazi Raja) qui représente la seule vraie opposition à ses projets. Son objectif ? La museler. Autre point en commun entre le public et le privé ; le même narcissisme par rapport aux États-Unis. Comme mentionné plus tôt, il est possible de limiter les dégâts causés par l’astéroïde, mais au détriment de populations vivant de l’autre côté du globe… Un moindre mal quoi. Sinon, considérant l’imminence du danger, il ne vient pas ne serait-ce qu’un instant à l’esprit de ces hauts gradés à faire appel à l’aide internationale. Comme si tous les plus grands cerveaux avaient pignon sur rue du pays de l’oncle Sam. En somme, ce qui est bon pour l’Amérique l’est pour le reste du monde…
Le premier épisode de Salvation a attiré 4,9 millions de téléspectateurs avec un taux de 0,7 chez les 18-49 ans. La baisse a été pour ainsi dire infime la semaine suivante : 4,23 millions et un taux identique. Après un mois de diffusion, la moyenne est de 4,05 millions (taux de 0,6). Sans qualifier ce score d’extraordinaire, c’est tout de même plus que la troisième saison de Zoo qui contre toute attente est renouvelée année après année.
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