Il est vrai que le programme européen de développement durable à l’horizon 2030 est ambitieux et nécessite des investissements considérables (près de 180 milliards d’euros par an). Dès lors, il y a lieu de s’interroger sur les impacts réels des premières recommandations du groupe. Tout d’abord, en l’absence d’une définition unique, le groupe recommande un système de classification des actifs durables, grand défi pour le secteur qui permettrait aux investisseurs une meilleure visibilité, plus de transparence et une plus grande confiance dans les produits qui leur sont offerts. Cependant, la transition vers une énergie bas carbone nécessite des investissements d’une ampleur telle que les investisseurs retail ne sont qu’un maillon de la chaîne.
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Enfin, l’inclusion du développement durable partie intégrante de l’obligation fiduciaire des investisseurs institutionnels à l’instar du modèle français et l’article 173 de la loi française sur la transition énergétique est la troisième recommandation principale du groupe. Elle imposerait aux investisseurs institutionnels de devoir obligatoirement faire rapport de leur gestion du risque lié au climat et sur l’inclusion de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs politiques d’investissement. Il est un fait que l’inspiration française imprègne les recommandations du groupe de haut niveau. Son président, Christian Thimann, à la tête de la régulation, responsabilité d’entreprise et de la prospective du groupe AXA , est à l’origine des groupes de travail sur l’article 173. Il a été également le vice-président de la force de travail sur les publications financières liées au climat pour le comité de stabilité financière. Parmi les 20 experts, plusieurs institutions françaises sont représentées notamment Mirova, le gérant d’actif durable du groupe Natixis, Novethic, l’agence de notation des produits durables, l’assureur Aviva ou encore l’ONG WWF France. Ainsi la France prend la main sur le sujet de l’investissement durable, grande priorité de la commission de Jean-Claude Juncker qui tente de donner le leadership mondial à l’Union européenne. Après le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris, il est vrai qu’une place est à prendre. Reste à savoir si l’Union pourra s’imposer avec un modèle fortement hétérogène qui mise essentiellement sur l’obligation d’information pour davantage de transparence.
A propos de l'auteur : Ophélie Mortier est responsable de la stratégie d’investissement de la banque Degroof Petercam.