« La terre est debout », la terre est de boue, elle écrase tout parce que l’humanité l’a creusée, retournée, blessée, charcutée par ses bombes, ses tranchées, elle se venge, elle détruit. C’est ainsi qu’apparaît le Golem dans une nouvelle de Laurent Gaudé, publiée dans son recueil Les oliviers du Négus.
Le feu, dans ces nouvelles, fait célébration, par deux fois et différemment : dans la première nouvelle, Zio Négus célèbre Frédéric II et la puissance vitale des oliviers ; dans la deuxième, c’est le centurion romain qui élève un bûcher pour fêter l’anniversaire de l’empereur, comme d’autres le font simultanément ailleurs. Dans la troisième nouvelle, l’incendie détruit la ferme de l’homme qui s’est enfui de chez lui en mettant lui-même le feu, espérant qu’il brûle la créature de boue qui s’y agite, tandis que les obus tombent de plus en plus près. S’il n’y a pas d’incendie dans la quatrième nouvelle, cela n’efface pas l’odeur de brûlé des explosions qui tuent les juges anti-maffia, à Palerme. Le feu, donc, et l’humanité confrontée à la mort, à la terre qui l’ensevelit.
Des thèmes auxquels Laurent Gaudé reviendra avec Écoutez nos défaites, publié quelques années plus tard.