Né en 1182, mort en 1226,
il marque une étape nouvelle de la
volonté de
rupture avec le constantinisme,
c'est-à-dire avec la
collusion entre l'Eglise, la richesse
et le pouvoir. La
puissance grandissante de l'Etat pontifical
et de
l'autorité politique des papes, les
prélats et les
monastères devenant de plus en plus
de riches
propriétaires fonciers, témoigne avec
éclat de cette
compromission, et devient d'autant plus insupportable
que s'opère une profonde mutation sociale:
celle
du passage de la vie rurale à la vie
urbaine.
Saint François d'Assise, fils d'un riche
marchand
appartenant à la bourgeoisie urbaine,
a pu
vivre les contradictions
fondamentales de son époque
qui se répercutaient dans sa ville: rivalités
des papes et
des empereurs, des nobles et des
bourgeois, des
catholiques et des cathares. Il
reçoit une éducation
traditionnelle qui n'est pas adaptée
au monde nouveau,
et on le prépare à entrer dans une vie qui est au
rebours d'une vie évangélique.
Saint François d'Assise rompt avec ce
monde-là en
vivant la pauvreté comme condition
première de la
prédication évangélique. Il perçoit
le lien entre
l'argent et le pouvoir: «Seigneur
évêque, dit-il, si
nous avions des propriétés il nous faudrait
des armes
pour les défendre. »
Il rejette la conception ancienne
des monastères
féodaux refermés sur leurs domaines à
la campagne, et
il va s'adresser aux nouvelles masses
misérables des
villes.
Roger Garaudy
Comment l’homme devint humain
Pages 243-244
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Théologie de la libération