Thé ou café ? C’est la question que l’on se pose presque tous chaque matin avant d’entamer une énième journée de labeur. Un rituel quotidien immuable qui nous aide à émerger des bras de Morphée et s’extraire (tant bien que mal) de notre lit. Qui peut en effet imaginer se réveiller sans l’odeur stimulante d’une boisson chaude, incontournable pour commencer la matinée du bon pied ? Aussi familiers soient-ils, ces produits n’ont pourtant rien d’européen. Raconter comment ils ont fait irruption dans nos tasses est tout l’objet du dernier livre du géohistorien Christian Grataloup, qui en profite pour dresser l’histoire de trois siècles de petit-déjeuner concordant de façon étonnante avec celle de la globalisation.
« La trilogie thé-café-chocolat nous est si familière aujourd’hui qu’elle semble aller de soi. L’association de ces trois produits végétaux n’a pourtant rien d’évidente. Le seul point commun, essentiel il est vrai, est qu’il s’agit de trois plantes tropicales inadaptables en milieu tempéré. »
De la découverte des denrées exotiques à leur exploitation, l’auteur retrace l’épopée discrète du repas « mal-aimé » qu’est le petit-déjeuner, souvent zappé et se ressemblant beaucoup d’un matin à l’autre. Pourtant, un brin de curiosité suffit à en révéler l’intérêt, car il reste « le plus petit commun dénominateur des pratiques alimentaires de la mondialisation. » Qui va de pair avec la montée en puissance de l’industrie agro-alimentaire, pour mémo. La preuve : aucun hôtel ne fait aujourd’hui l’économie du « continental breakfast », quitte à s’adapter à sa variation du week-end qu’est le « brunch », actuellement très en vogue. De quoi pousser la réflexion jusqu’aux pratiques locavores remettant en cause les boissons que l’on ingurgite au quotidien, nous rappelant chaque matin que déguster notre tasse revient à goûter une partie du Monde. Voilà un sujet qui pourrait alimenter la discussion au moment du petit déj’, surtout pour ceux qui aiment étaler leur confiture de bon matin !
Publicités