Mais, comme hier au Chili (coup d’état militaire soutenu par les Etats-Unis) ou aujourd’hui en Syrie (guerre avant tout pour le contrôle des plus grandes réserves de gaz du bassin méditerranéen), la situation au Venezuela n'est pas forcément celle qui nous est présentée chaque jour...
De Trump à Macron, de l'UE au Pape, la méthode est bien connue. Elle consiste à ne pas relater les faits de façon tout à fait objective et en faisant preuve d’une indignation sélective. On ne les entend pas souvent quand il s’agit d'autres pays d'Amérique du Sud, de la Turquie ou du Golfe Persique, tous à la tête comme on le sait de démocraties irréprochables.
Ce n’est pas au Venezuela que 45 étudiants ont été assassinés sans aucune suite judiciaire, que les fosses communes débordent d’hommes et de femmes martyrisés, que la misère et l’analphabétisme sévit dans tout le pays, mais au Mexique...
Ce n’est pas au Venezuela que le rapport 2017 d’Amnesty relève la multiplication de violences contre les femmes et les populations indigènes, que l’armée et la police s’illustrent par des opérations répressives dans le villages éloignés de la capitale, mais au Pérou...
Ce n’est pas au Venezuela que la finance internationale camoufle ses méfaits, mais au Panama...
Ce n’est pas au Venezuela que le pouvoir s’attaque aux grand-mères des disparus durant la dictature, que la répression s’abat sur le mouvement ouvrier mais en Argentine...
Ce n’est pas au Venezuela que des centaines d’opposants politiques restent toujours emprisonnés malgré des « accords de paix », que des militants de gauche sont assassinés mais en Colombie...
En fait, le Venezuela est d’abord un important producteur de pétrole. Selon l'OPEP, les réserves prouvées en pétrole atteindraient 296,50 milliards de barils, ce qui le fait accéder à la première place mondiale devant l'Arabie saoudite. D’autre part, le pays a signé en 2016 des accords commerciaux fructueux avec la Chine et risque ainsi d’échapper définitivement à l’influence des Etats-Unis.
Et si le Venezuela est dans une crise très grave (700 % d’inflation, crise alimentaire et crise énergétique), il faut en rechercher les causes et non se contenter de dénoncer le pouvoir en place. Même le pétrole officiellement nationalisé est en partie sous la coupe des intérêts étrangers (Exxon, Chevron et Total). La baisse des cours du pétrole a frappé le pays de plein fouet. La crise alimentaire et les coupures d’électricité sont l’expression dramatique de cette situation.
Dans un entretien à la Radio-Télévision Suisse, Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique, spécialiste de l'Amérique latine, s'exprime sur la crise politique et économique majeure que traverse le Venezuela ainsi que sur les violences et les victimes constatées.
La bonne question que pose cet entretien est : qui est à l’origine de ces manœuvres de déstabilisation du pouvoir en place ?
https://www.youtube.com/watch?v=IsELdQ85EJ0
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