Venezuela Blues

Publié le 04 août 2017 par Hunterjones
Le Venezuela traverse une grave crise économique, politique et sociale qui marche tout juste en marge de la guerre civile. Au moment d'écrire ceci, rien n'empêche un général de faire volte-face et de se tourner contre Nicolas Maduro dans la nuit.
En ce moment, sur terre, le pays compte le pire taux d'inflation au monde. 932% selon l'agence financière Bloomberg. L'an dernier, les prix à la consommation avait déjà bondi de 800% et le produit intérieur brut chutait de 18,6%. Ils sont 30 millions. Presque 5 fois la grandeur du Québec. Et en ce moment, c'est le chaos. Bien pire que la Maison-Blanche. 
Les produits de base sont épuisés. Il y a sérieuse pénurie de médicaments, et d'électricité. Depuis le mois de juin 2014, le prix du baril baisse sans cesse. Le pétrole représente 96% des exportations vénézueliennes et les deux tiers de ses recettes. La corruption, déjà lourde au pays, n'a fait que gonfler. On ne peut absolument pas faire confiance aux chiffres des "élections" de la semaine dernière. Tranparency International classe le Venezuela 166ème sur 176 au niveau de sa résistance à la corruption. 
Voici 12 mois clés dans la déchéance de l'ancien pays d'Hugo Chavez. 
Avril 2013 Nicolas Maduro gagne par la peau du cul les élections dans la succession d'Hugo Chavez par un pourcentage de 50,66 %. Ancien chauffeur d'autobus, puis leader syndical,  il a étudié un an les sciences politiques à Cuba, ce qui, pour l'opposition fera de lui toujours "l'homme de Cuba", ou le "toutou du président". Il est président socialiste et son mandat doit se terminer en 2019.
Février 2014 Des premiers rassemblements se font contre Maduro. Celui-ci réprime sévèrement les manifestants et 43 morts sont dénombrés. Human Rights Watch le condamne tout aussi sévèrement. Mais Maduro s'en moque bien. 
Décembre 2015 Les élections législatives sont remportées par l'opposition. 99 sièges contre 46. Les anti-chavistes gagnent pour la première fois la majorité depuis 17 ans au parlement.
Mars 2016 4000 manifestations ont été enregistrées essentiellement pour réclamer de la nourriture.
Mai 2016 Les anti-Maduro clament avoir recueilli 1,8 millions de signatures en 5 jours, favorable à un référendum se soldant par la destitution du Président. L'opposition, qui a plus de pouvoir, estime réunir 4 millions de signatures menant aux même conclusions avant le référendum. Une forme de sondage pré-référendum.
Juillet 2016 Des centaines de vévézueliens forcent la frontière fermée afin de se ravitailler dans les supermarchés de Calcutta, la ville colombienne la plus proche. Des milliers d'autres vénézueliens les imitent quelques jours plus tard. Nicolas Maduro a décrété l'état d'urgence économique, il y a 6 mois.
Août 2016 Le Conseil National des Élections offre un calendrier qui rend impossible un référendum en 2016. Des anti-chavistes sont arrêtés. Parmi eux l'ancien maire de San Cristobal. Plusieurs correspondants étrangers sont aussi expulsés du pays. Toujours museler la presse pour mieux répandre l'ignorance. 
Septembre 2016 Entre 950 000 et 1 million de personnes manifestent à Caracas. Ce qui est nouveau n'est pas que l'opposition est majoritaire, ça on le savait déjà, mais elle a maintenant récupéré sa capacité de mobilisation.
Octobre 2016 La deuxième étape du référendum révocatoire met à jour les fraudes de la première étape. Le 25, on ouvre un procès pour la destitution du président. Celui-ci parle d'un putsch parlementaire. Une grève générale survient le 28.
Janvier 2017 Le 10 est la date limite pour le référendum révocatoire. Maduro propose une refonte du modèle politique. Après 18 ans de socialisme, il veut redessiner un nouveau modèle sociétaire. On reporte le processus jusqu'a nouvel ordre. Maduro achète du temps.
Avril 2017 Nouvelles manifestations contre Maduro. Le pouvoir, cette fois, se mobilise et fait appel à sa milice bolivarienne. 3 personnes meurent, une trentaine d'autres seront arrêtés.
Juin 2017 Maduro provoque la mort de 62 personnes en réprimant avec violence les manifestations anti-Maduro.
Depuis dimanche, Nicolas Maduro clame avoir gagné un vote de confiance sans équivoque de la part du peuple. 
Mais personne ne peut faire confiance à Maduro.
Pas plus qu'on ne fait confiance à Donald Trump par rapport à la vérité.