La ferme ! - Cie Antipodes
Il y a quelques années, la Compagnie Beau Geste mettait en présence une pelleteuse (dont on ne voyait pas le conducteur) et un danseur. On y voyait tantôt un rapport de forces, tantôt un jeu de séduction.
Cette fois, la Compagnie Antipodes confronte des danseurs et un chariot élévateur. Le propos est plus radical : c’est El Konductor qui dirige la manoeuvre et les autres, humains courant au sol comme des animaux prisonniers de leur cage, n’ont qu’à obéir. Courir, porter, accumuler… Si on cherche à fuir, le spectateur ou la spectatrice n’aura finalement pas le dernier mot : elle ou il devra rendre le fugitif à la machine. Pour que le spectacle continue. Les corps ne sont que des instruments, asservis au nom du progrès et d’un monde meilleur, celui qui nous est promis à chaque élection, et jetés quand ils sont épuisés. Un monde meilleur qui tourne en rond et n’offre aucune perspective. Un monde dont la structure repose sur la soumission. À la fin, la machine sera stoppée et le public envahira l’arène. Fin du spectacle.
Le propos est puissant, certes, mais les moments les plus forts sont sans doute ceux où, sans la voix de son conducteur, la machine exprime la violence de son oppression.