Chez Versac, une invitation mercredi à participer à un atelier "blogs" dans le cadre des assises du numérique.
Bon, déjà, les assises du numérique c'est Eric Besson, ça devrait suffire à limiter les espoirs que l'on peut porter dans la chose. Impossible de toute façon, sur le site des assises, de trouver
quoi que ce soit consacré à la régulation des blogs.
L'atelier blogs doit permettre, selon Versac, en la présence de membres du cabinet d'Eric Besson, de " Collect[er] notre expression et tent[er] de bâtir des éléments de consensus comme
d'éventuelles dissonances sur ce que pourrait être le cadre de régulation de nos pratiques de blogueurs. Et surtout, fai[re] connaître cette pratique, ses dimensions, notre point de vue de
praticiens."
Déjà, je ne suis pas moderne. Donc les grandes consultations de la société civile, la démocratie participative à deux balles dans laquelle in fine le pouvoir est encore plus libre qu'avant
de faire ce qu'il veut car il peut toujours se prévaloir de la consultation populaire, ça me laisse froid.
J'aime qu'un gouvernement présente un texte, qu'un débat ait lieu au Parlement, que l'opposition s'oppose (oui, je sais, je rêve un peu, on parle du PS), bref, que la forme démocratique soit
respectée.
Sur le fond, je n'ai nulle envie que des blogueurs participent à un tel bazar consultatif, sachant qu'en plus il s'agit du gouvernement Sarkozy, dont on connaît la volonté acharnée de contrôler
partout la liberté d'expression et les différents media. A ce sujet, anecdote contée par Jean-François Kahn dans le Marianne du jour : Plenel est un peu critique sur LCI envers Sarkozy. Le
téléphone sonne, l'animateur de l'émission sort, il est convoqué chez son rédac-chef. Il revient après une pause publicitaire, hop, il donne la parole au téléphone à un journaliste du Figaro qui
vante les mérites de Sarko. C'est ça qu'on veut sur les blogs ?
Pour justifier l'organisation de cet atelier, quelques exemples sont donnés par Versac :
- une plainte de Yves Jego contre un blogueur, qui s'est soldée par une condamnation de 200 euros en première instance. Pas de quoi fouetter un chat, la justice joue son rôle, les normes existantes
suffisent,
- différentes instances politiques s'intéresseraient au sujet (on les comprend) , au premier rang desquels, dans l'actualité récente, une députée europenne (il ne manquait que l'Europe là dedans),
un peu nostalgique de l'URSS sans doute, qui écrit (via le très bon Internet et Opinions, que je viens de découvrir, jamais trop tard..) :
"considérant que les blogs constituent un moyen de plus en plus ordinaire de s’exprimer, tant pour les professionnels des médias que pour les particuliers, que le statut de leurs auteurs et
éditeurs, notamment leur statut juridique, n’est ni déterminé ni clairement indiqué aux lecteurs des blogs, ce qui entraîne des incertitudes quant à l’impartialité, la fiabilité, la protection des
sources, l’applicabilité des codes d’éthique et l’attribution des responsabilités en cas de poursuites en justice;
[le parlement européen] suggère - que ce soit par le biais d’une législation ou autrement - de clarifier le statut des blogs et encourage leur labellisation en fonction des responsabilités
professionnelles et financières et des intérêts de leur auteurs et éditeurs;"
- troisième point selon Versac, et là on se demande s'il faut en rire ou en pleurer : Le sentiment de personnes ou personnalités plus ou moins publiques qu'elles sont à la merci d'une foule
incontrôlable, qu'elles perdent la maitrise de leur image et de leur réputation. Il faudrait donc réguler les blogs pour ne pas chagriner les people...
Bref, très d'accord avec la note de Laurent Gloaguen, laissée sur le wiki de la République des
blogs :
Quand je lis "Régulation et labellisation des pratiques d'expression personnelle en ligne", forcément, j'ai envie de venir… Je n'aurai qu'un message, très court, un blogue est un site web comme
les autres et la législation actuelle ne mérite pas d'adaptation particulière. -- Laurent.
La blogosphère, plus qu'ailleurs, c'est le règne de la longue traîne : l'armada de petits blogs insignifiants, qui, du haut de leurs 10, 20, 100, 200 visiteurs quotidiens, font l'essentiel de la
fréquentation des sites internet. Que le cabinet d'Eric Besson ne s'imagine pas avoir l'opinion des blogueurs après avoir consulté quatre influenceurs aussi respectables soient-ils.