L'intimidation à l'enfance et à l'adolescence fait le lit de la dépression et des troubles anxieux, plus tard dans la vie. On connait l'importance de ce phénomène d'intimidation chez les jeunes, on a souvent évoqué le sexting ou autres formes de harcèlement " on line ". Cette étude présentée dans le Lancet Child and Adolescent Health rétablit en quelque sorte une réalité de toujours : l'agression " physique " ou en face à face -dans la vraie vie- reste la plus pratiquée, elle est beaucoup plus fréquente que la cyberintimidation et elle est fréquemment au départ de l'intimidation.
L'étude menée chez des adolescents âgés de 15 ans confirme déjà l'ampleur du phénomène : un tiers des jeunes participants interrogés déclarent subir cette intimidation voire ce harcèlement. La seconde conclusion est que la majorité de ces agressions sont commises en face à face et non via les médias sociaux.
Cette enquête menée par des chercheurs de l'Université d'Oxford auprès de 300.000 jeunes britanniques, âgés d'environ 15 ans sur leurs expériences d'intimidation, confirme cette incidence élevée -ou faut-il parler de prévalence ? - de 30% des adolescents ayant fait l'expérience d'un harcèlement physique, verbal ou relationnel en " live ". Seuls 3% se déclarent victimes de " cyberintimidations ". Moins de 1% des adolescents ont été victime d'intimidation en ligne seulement. L'analyse des résultats complets portant finalement sur 120.115 jeunes, montre précisément que :
30% des ados déclarent avoir été intimidés au moins 2 fois par mois au cours des 2 mois précédents, soit en face à face, soit en ligne.
L'intimidation régulière est signalée plus souvent par les filles (36%) que chez les garçons (24%).
La cyberintimidation régulière sans harcèlement en face à face est signalée par moins de 1% du total de l'échantillon.
L'intimidation en face à face et la cyberintimidation sont déclarées par 3% des jeunes interrogés.
L'intimidation mène sans détour au mal-être mental : 2 intimidations par mois ou plus sont associées à un plus fort mal-être mental. Les chercheurs n'identifient aucune preuve que la cyberintimidation soit plus nuisible que l'intimidation traditionnelle et l'intimidation traditionnelle semble au contraire être plus fortement liée à un plus faible bien-être mental. Selon les auteurs, la cyberintimidation apparaît comme un vecteur " complémentaire " d'une victimisation qui commence en face-à-face. Des résultats en contradiction avec de précédentes études qui condamnent ce risque avec l'émergence des médias sociaux, présentés comme un vecteur indépendant d'intimidation.
Ainsi, en pratique, les chercheurs recommandent des stratégies de prévention qui commencent au sein des établissements notamment, " des mesures qui ne seront efficaces que si elles prennent en compte la dynamique des formes traditionnelles d'intimidation ".