Après un passage remarqué lors de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2016, suivi de diverses présentations dans des festivals américains (Toronto, Chicago, Sundance notamment), Grave est sorti sur nos écrans en mars dernier, non sans parfois susciter de violentes réactions chez certains spectateurs. Aujourd’hui, le film débarque en vidéo, me donnant ainsi l’occasion de le rattraper et de lui consacrer une critique.
Premier long-métrage au cinéma de la réalisatrice/scénariste Julia Ducournau, Grave est un film choc qui, malgré ses éventuelles maladresses, a l’ambition d’aller au bout de ses partis pris, tant formels que scénaristiques. Une ambition qui fait assurément partie de ses (nombreuses) qualités, ce genre de cinéma nous ayant habitué par le passé à des œuvres fortement convenues et calibrées. Ce que n’est jamais Grave, la réalisatrice ne censurant jamais sa vision. A travers la triple initiation de Justine (étudiante, sexuelle et cannibale), le récit aborde ainsi de manière brutale la perte de l’innocence, catalysée ici par la frénésie de la chair, angle certes pas novateur mais permettant, lorsqu’il est employé sans concession, d’élargir les enjeux et d’oser toutes les scènes. Si certaines séquences marquent les esprits par leur violence graphique, toutes se révèlent en effet cohérentes par rapport au scénario. Un scénario plutôt simple au demeurant mais qui s’avère au final particulièrement dense, chaque choix étant minutieusement réfléchi pour assurer l’impact émotionnel adéquat aux scènes culminantes du film.
Avec Grave, Julia Ducournau signe donc un premier film fiévreux, organique, électrisant et complètement désinhibé. Emmené par la révélation Garance Marillier, le long-métrage compense ses quelques faiblesses par une ambition folle, totalement assumée, et une mise en scène parfaitement maîtrisée. Un mélange des genres réjouissant dans un cinéma qui manque cruellement de véritables propositions.