Ce n'est pas la première étude à alerter sur la baisse de fertilité masculine, ici en Europe. Exposition aux perturbateurs, régime alimentaire déséquilibré, manque de sommeil, tabagisme, de nombreux facteurs environnementaux dont de mode de vie ont été mis en cause, avec des effets sur la structure, la concentration ou la motilité des spermatozoïdes. Ici, cette équipe internationale de scientifiques révèle, dans la revue Human Reproduction Update un nombre moyen de spermatozoïdes " occidentaux " divisé par 2 ces 40 dernières années.
Et, dans de nombreux cas, soulignent les chercheurs de l'Hebrew University Center of Excellence in Agriculture and Environmental Health, de la Ben-Gurion University of the Negev (Israël), de l'Icahn School of Medicine (US), de l'université de Copenhague, de la Federal University of Parana (Brésil) et de l'Université de Murcia (Espagne), les raisons de ce très faible taux de spermatozoïdes ne sont pas évidentes. Ce qui est certain en revanche est que cette moindre concentration explique la baisse de fertilité masculine : " Le nombre de spermatozoïdes chez les hommes occidentaux a diminué de moitié au cours des 40 dernières années ".
Les chercheurs ont recherché les études basées sur des mesures du nombre total de spermatozoïdes ou de la concentration de sperme chez les hommes exempts de troubles de la fertilité et en ont sélectionné 185. Ils ont analysé les données de ces études pour examiner les tendances au fil des dernières décennies. Les auteurs ont également pris en compte les différents facteurs de confusion possibles dont l'âge, le délai entre la précédente éjaculation au moment du don de sperme (délai d'abstinence), la méthode de collecte et d'analyse du sperme, le nombre d'échantillons fournis par chaque participant.
Cet examen majeur de la littérature publiée depuis 1973 et jusqu'à 2011, révèle même une baisse estimée de 50 à 60% du nombre de spermatozoïdes dans les pays développés : car si le nombre total de spermatozoïdes et la concentration de sperme diminuent progressivement dans les pays occidentaux, la tendance n'était pas aussi marquée -voire inexistante- dans d'autres régions du monde, comme l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Sud. Précisément, lorsque les chercheurs combinent les résultats de base de toutes les études, hors facteurs de confusion possibles, l'analyse aboutit à une baisse de 0,75% par an de la concentration du sperme sur la période 1973-2011,
-à une baisse globale de 28,5% sur l'ensemble de la période.
-La concentration moyenne de spermatozoïdes est passée de 92,8 millions / ml à 66,4 millions / ml.
Après prise en compte des autres facteurs,
-la diminution de la concentration de sperme s'élève à -1,4% chez les hommes occidentaux, avec une baisse globale de 52,4%, passant de 99 millions / ml en 1973 à 47 millions / ml en 2011 ;
-chez ces hommes, la diminution du nombre total de spermatozoïdes est estimée à 1,6% par an et à 59,3% au total, passant de 337,5 millions en 1973 à 137,5 millions en 2011 ;
-le taux d'hommes occidentaux fertiles en fonction de la concentration de sperme est réduit de 0,8% par an.
C'est dont un déclin global considérable à la fois de la concentration du sperme et dans le nombre total de spermatozoïdes qui se poursuit dans les pays occidentaux, sans " nivellement " de la tendance, précisent les chercheurs, donc avec une baisse qui pourrait se poursuivre à l'avenir. Un appel donc à la communauté scientifique pour le lancement de nouvelles recherches permettant de mieux préciser les causes de ces tendances.