Nous poursuivons notre série storytelling d'été, avec un retour sur la campagne présidentielle hors des sentiers battus. Dans l'épisode 1 et l'épisode 2 de ce storytelling d'été nous avons évoqué la comédie, genre dans lequel nous a emmené cette campagne de François Fillon, dont nous avons été des personnages complaisants.
(Le personnage central (...) qui ne présente pas certaines des caractéristiques du héros conventionnel, voire dans certains cas aucune. Certains considèrent la signification de ce terme comme suffisamment étendue pour englober également un antagoniste qui, contrairement au méchant, suscite une sympathie et/ou une admiration non négligeable - Wikipedia)
Qui est François Fillon comme héros ? Il sort des schémas connus. Est-il un anti-héros ?
Il est devenu un antihéros... après être devenu un héros. Au départ de la compétition présidentielle, c'était un compétiteur parmi les autres. Il devait même arriver en 3ème position. Il allait construire sa légende, son récit, en s'y donnant la place principale, principielle, celle du héros. Le héros du mythe à partir duquel se construit maintenant le storytelling bien ordonné, conseillé par les " communicants " : un personnage plutôt tranquille se trouve confronté à une situation inédite et décide d'y répondre courageusement ; son " voyage " commence et il triomphe d'épreuves qui lui confèrent un statut hors du commun ; il en prend conscience et revient dans une normalité transformée dans laquelle il fera bénéficier les autres de son exceptionnelle expérience et de ses vertus.
Pour ses partisans, c'est certain, du moins ils en sont sûrs : François Fillon est toujours un héros -il l'était au sortir des primaires de la droite et le reste aujourd'hui au coeur des affaires. Pour ses détracteurs, c'est une certitude également : c'est Caliméro.
A moins d'être Dr Jekyll & Mr Hyde, c'est à dire doté d'une double personnalité, un personnage ne peut pas être les deux à la fois.
Et en vérité, il n'est ni l'un ni l'autre. En réalité, il est... Mike S . Blueberry.
Les amateurs de bandes dessinées connaissent bien Blueberry, également appelé le lieutenant Blueberry, personnage créé par le scénariste Jean-Michel Charlier et le dessinateur Jean Giraud, dit Gir, alias Moebius aussi. Sa première apparition date du milieu des années 1960 dans le jounral Pilote, mais son véritable décollage sous forme d'albums date de 1975 avec la publication de " La jeunesse de Blueberry ". Tiens, un premier point commun : l'entrée officielle en politique de François Fillon date de l'année suivante, lorsqu'il devient assistant parlementaire du député Joël Le Theule.
Comparer un candidat à la présidence de la République française à un personnage de bande dessinée, n'est-ce pas risible ? Ce serait oublier que dans cette comédie qu'est devenue cette élection présidentielle, tout est possible... Pourvu que la comédie suive son cours !
Nous sommes bien conscients que nous prêterons le flanc aux critiques, à des accusations de manque de sérieux mais nous assumons et persistons dans notre analyse.
Ce n'est évidemment pas dans les traits que la ressemblance s'établit. Blueberry a, dans ses grandes années, 38 ans. Les auteurs se sont inspirés de figues telles que Jean-Paul Belmondo, Charles Bronson, Clint Eastwood, Arnold Schwartzenegger et, paraît-il même, Keith Richards, " avec une coupe de cheveux à la Mike Brant ", confiera Jean Giraud au Monde en 2010. Bon, le " débat " sur la ressemblance physique avec François Fillon est définitivement clos.
C'est dans les caractéristiques essentielles, l'histoire que véhicule Blueberry que des similitudes s'établissent -sans, bien entendu que François Fillon soit un Blueberry bis, n'exagérons rien.
Blueberry est l'un des premiers, sinon le premier, anti-héros de bande dessinée. C'est bien en cela, et par la façon de Blueberry (et de François Fillon) d'être un anti-héros que la comparaison est pertinente.