Quand on entre dans une nouvelle d’Annie Saumont, on sait qu’il va se passer quelque chose mais on ne sait pas quoi ni quand cela va nous être révélé. Les personnages sont souvent des enfants ou des adolescents aux prises avec un réel pas facile. Il y a aussi des envies de meurtres parfois rapidement avouées, parfois restées accrochées dans le fusil qui est apparu dans le récit. La vie n’est pas de tout repos. Il y a ces enfants qui partent de chez eux après l’école parce qu’ils ne veulent pas tuer leur mère avec toutes leurs histoires. À quelle histoire ont-ils donc été confrontés ? Il y a cette jeune femme jalouse de sa voisine moins belle mais qui a épousé l’homme qu’elle convoitait. Il y a surtout une façon d’écrire qui nous plonge dès les premiers mots dans l’intrigue et aucune nouvelle ne commence de la même façon : construction de la phrase, ponctuation (parfois absente), dialogues ou narration, Annie Saumont nous happe et ne nous lâche pas jusqu’à la fin de chaque histoire. Et, même courts, ses récits nous permettent d’imaginer la société, la nature, la vie sociale et affective de ses personnages que le lecteur n’est pas obligé d’aimer mais dont il garde le souvenir plus sûrement que de ses propres voisins. Sans doute parce qu’elle sait nous faire toucher du doigt les secrets de ces inconnus, avec une grande économie de mots, secrets qui pourraient être les nôtres, tant il est vrai qu’un personnage de fiction, c’est un peu de chacun de nous, lecteurs.