Gloria (Anne Hathaway) est une jeune new-yorkaise sans histoire. Mais lorsqu’elle perd son travail et que son fiancé (Dan Stevens) la quitte, elle est forcée de retourner dans sa ville natale où elle retrouve Oscar (Jason Sudeikis), un ami d’enfance. Au même moment, à Séoul, une créature gigantesque détruit la ville, Gloria découvre que ses actes sont étrangement connectés à cette créature. Tout devient hors de contrôle, et Gloria va devoir comprendre comment sa petite existence peut avoir un effet si colossal à l’autre bout du monde…
Sorti cette semaine en e-cinéma, Colossal est une comédie dramatique fantastique réalisée par Nacho Vigalondo, usant d’un concept amusant (une jeune femme capable de contrôler un monstre) pour offrir un mélange des genres subtil, drôle et touchant. A travers l’expérience extraordinaire vécue par Gloria, c’est effectivement toute la crise existentielle du personnage que le cinéaste/scénariste raconte. Une crise menant Gloria à se détruire, et à détruire ses proches, comme le souligne de manière très métaphorique la créature qu’elle incarne. Et l’une des forces du long-métrage réside justement dans le traitement de cette crise, le scénario évitant judicieusement de tomber dans les clichés attendus. Ainsi, l’héroïne n’effectuera pas de long travail sur elle-même en vue de sauver son couple, pas plus qu’elle ne tombera dans une romance niaise avec son ami d’enfance. Pour autant, si le chemin narratif emprunté est extrêmement louable, notamment dans l’optique de conférer au film une véritable identité, on regrettera néanmoins les quelques maladresses et facilités qui jalonnent le récit. De même que l’écriture inconsistante de pratiquement tous les seconds rôles.
En parlant d’écriture, la révélation finale quant à l’origine du phénomène s’avère aussi excessivement poussive, et tombe par conséquent un peu à plat. Malgré tout, Colossal se laisse suivre sans déplaisir. D’autant plus que les thématiques qui entourent le parcours du personnage principal revêtent une portée beaucoup plus larges, et se révèlent donc susceptibles d’intéresser un large public. En outre, derrière la noirceur apparente du récit se cache également un vrai message d’espoir, affranchi de toutes les pressions sociales. Une double tonalité avec laquelle le long-métrage joue habilement, bien aidé par l’interprétation pleine de fraîcheur de l’actrice Anne Hathaway. Plus rare sur les écrans ces deux dernières années, la comédienne délivre effectivement une performance convaincante dans la peau d’un personnage drôle et touchant qui lui convient à merveille. Pas étonnant, du coup, qu’elle ait aussi choisi de porter la casquette de productrice pour cette réalisation. A ses côtés, Jason Sudeikis ne dénote absolument pas. Il surprend même par la grande justesse de son jeu, parvenant à s’imposer autant en ami d’enfance accueillant qu’en véritable tyran égocentrique.
Pour conclure, si Colossal n’aurait pu être au départ qu’une petite comédie dramatique tout juste sympathique, le film se révèle au final bien plus que ça, proposant un scénario fondamentalement original et subtil. Certes, le script n’évite pas quelques maladresses mais l’ensemble s’avère néanmoins suffisamment efficace, touchant et drôle que pour valoir le coup d’œil.