Il y a quelques temps je vous parlais d’un roman de Manu Causse, La 2CV Verte, un roman sur la relation entre un père et son fils autiste. J’avais même eu la chance de rencontrer l’auteur et de l’interviewer.
Ici Manu Causse nous offre un roman jeunesse percutant comme il sait le faire. Un roman dans lequel deux jeunes que tout oppose se lie d’amitié et ce malgré le choc des cultures.
Quatrième de couverture:
« Et ton copain, alors? Il allait bien? Je commence à lui expliquer que Mardochée n’est pas vraiment un copain, juste un type de la classe; je lui raconte ce qui s’est passé. Je n’aurais sans doute pas dû car, au bout de quelques minutes, elle me coupe la parole pour me demander:
– Il s’appelle vraiment Mardochée? C’est bizarre quand même.
– C’est son nom, quoi.
Elle me regarde d’un air soupçonneux:
– C’est pas un de ceux de la secte, quand même?
Je ne répons pas, ça ne servirait à rien.
Je n’aime pas lui mentir et elle ne va pas amer la vérité. »
Mon avis:
J’ai adoré découvrir ce début d’amitié entre Léo et Mardoché. Une amitié hors du commun car tout les oppose. Mardoché fait partie d’une secte et va peu à peu se rendre compte des sacrifices que cela engendre. Léo quant à lui est comme tous les ado de son âge: il va traîner avec les copains après les cours et rêve d’être déjà adulte. Ce Mardoché l’intrigue et il aimerait le connaître d’avantage. Il l’invite à se joindre à lui avec ses amis.
Mardoché découvre alors une vie beaucoup moins contraignante que celle qu’il connait. Une vie où tout est possible, dans laquelle tout n’est pas contrôlée, où l’avenir semble meilleur.
S’ouvrir au monde extérieur va lui permettre de confirmer les doutes qu’il avait au sujet de son mode de vie.
Un roman jeunesse que j’ai adoré car il aborde un sujet délicat et important: les différences de religion au sein de l’école. Mardoché est sans arrêt pointé du doigt à cause de ses vêtements, de son attitude, de sa différence. L’attitude bienveillante de Léo va permettre à ce dernier de voir un nouveau côté de Mardoché, qu’il ne faut pas s’arrêter à ce que l’on voit en premier et que pour connaître les gens, il faut du temps, creuser et s’intéresser pour découvrir la perle qui se cache au fond de chacun.
Décidément, Manu Causse me surprend encore une fois avec ce roman jeunesse qui est une vraie petite pépite et que je vous conseille absolument. Il sait explorer et analyser les sentiments humains comme personne et cela rend ses romans passionnants et inoubliables.
Petit extrait:
« Avant , j’adorais le dimanche, bien sûr, à cause du Festin que nous prenons tous ensemble, mais aussi à cause de toutes les paroles inspirées que l’on entend. Et un peu parce que , le dimanche, Saul, mon géniteur, souriait.
Enfin, parfois. Il y a longtemps.
Mais tout cela a changé au cours des dernières semaines. En fait, je ne sais pas exactement quand ça a commencé. Quand j’y réfléchis, j’ai l’impression que ça remonte à très loin, à ma petite enfance, à la première fois où j’ai eu une mauvaise pensée au sujet de mon géniteur et du pasteur Wiggins. Comme si j’avais jeté des pierres dans l’eau d’un ruisseau, au fur et à mesure des semaines de ma vie et que soudain, je me rendais compte que ces pierres affleuraient. Qu’elles formaient un chemin. Ou un gué. Ce sont les pierres du doute et cela me terrifie. »
« Les fils de Georges », Manu Causse, Editions Talents Hauts, Juin 2016, 175 pages.