L'appel au soldat

Publié le 25 juillet 2017 par Christophefaurie
Qui était ce fameux Barrès, admiré par de Gaulle et Mitterrand ? Et, par quasiment tous ses contemporains, même ennemis politiques ? Serait-ce son style qui aurait fasciné son siècle ? Il ne reprend jamais son souffle. Aucun mot de trop. Comme si chaque phrase était une formule.
Le "soldat" du titre est le général Boulanger. Barrès fut, à 27 ans, député boulangiste. Il a suivi le général jusqu'à la fin. Boulanger, "la revanche", surgit, jeune et couvert de gloire. Promesse de laver la France de la honte de 70. Mais aussi des concussions du parlementarisme, dont on a oublié à quel point il fut haï. On est à l'époque du scandal de Panama. Il y a ici quelque chose de la France moderne : classe politique honnie et discours nationaliste. Seulement, en ce temps, le nationalisme a un sens. En effet, si certains émigraient plus volontiers qu'aujourd'hui, la majorité restait dans son terroir. On avait l'impression d'une permanence du caractère français.
Le sauveur en simple d'esprit ? Quant au général, Barrès en fait un portrait inattendu. Sa pensée est sommaire. Il est incapable de saisir sa chance. Et, encore moins, de comprendre le sens des événements. Il rencontre la femme de sa vie. Elle meurt. Il se suicide sur sa tombe. L'aventure du général aura duré trois ans. Curieux héros, me suis-je dit. Mais, il m'a rappelé le portrait que l'on fait d'Hitler ou de Pétain, et peut-être même de certains grands patrons américains. L'intellectuel, mal de notre société ? Le sauveur a l'oeil candide et la tête vide. "Heureux les simples d'esprit" ?
Et Barrès ? Il ressemble à son héros. Je ne suis pas certain que son analyse (par exemple de Clémenceau) ait résisté aux ans. N'est pas Tocqueville qui veut. Et le livre paraît bizarrement construit. Par exemple, il y a un voyage à vélo en Lorraine, façon tour de France de deux enfants, qui produit un passage à vide. Y a-t-il une histoire, dans ce livre, d'ailleurs ? Des personnages ? Au moins, il fait revivre une période oubliée. Comme si l'on y était.