Cet enfant qui vit avec le VIH et se maintient en rémission sans médicament depuis 2008 est, au-delà de ce petit patient lui-même, de sa vie et de sa santé, un exemple pour la science. Un cas clinique remarquable pour mieux apprendre comment provoquer la rémission du VIH à long terme chez les bébés infectés, explique le Dr Anthony S. Fauci, directeur du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH). Un cas clinique qui renforce aussi l'espoir qu'en traitant les enfants infectés par le VIH pendant une courte période mais de manière précoce à la petite enfance, il pourrait être possible de leur épargner ensuite la thérapie à vie. Un cas clinique enfin, présenté à la 9è International AIDS Society Conference on HIV Science (Paris).
Ce jeune enfant sud-africain, âgé aujourd'hui de 9 ans a été diagnostiqué avec une infection par le VIH à l'âge d'1 mois et a reçu un traitement anti-VIH pendant la petite enfance. Ce traitement a permis de maintenir la rémission durant 8 ans et demi. C'est, selon les scientifiques, le 3è cas documenté de rémission durable du VIH chez un enfant après un traitement anti-VIH précoce et limité. Les auteurs rappellent également l'histoire du " Mississippi Baby ", un bébé né avec le VIH en 2010, qui ayant reçu un traitement anti-VIH 30 heures après la naissance et jusqu'à l'âge de 18 mois était resté en rémission durant 27 mois avant que sa charge virale soit à nouveau détectable. En 2015, un enfant français né avec le VIH en 1996 et dont le traitement anti-VIH avait été instauré à l'âge de 3 mois et jusqu'à l'âge de 7 ans, connaissait toujours une rémission 11 ans plus tard.
Apprendre comment provoquer la rémission du VIH à long terme chez les bébés infectés : c'est bien l'objectif de ces scientifiques du NIAID qui mène cet essai clinique de thérapie antirétrovirale précoce CHER (Children with HIV Early Antiretroviral Therapy). Son principe : les nourrissons infectés par le VIH sont assignés au hasard à recevoir soit un traitement antirétroviral différé soit un TARV précoce et limité pendant 40 ou 96 semaines. Cet enfant aux résultats remarquables fait partie du groupe de 143 nourrissons qui ont reçu un traitement antirétroviral pendant 40 semaines.
Le premier cas documenté de contrôle soutenu du VIH chez un enfant dans un essai randomisé : avant l'initiation du traitement, l'enfant présentait des taux très élevés de VIH dans le sang mais après avoir commencé le TARV à environ 9 semaines, le traitement a repoussé la charge virale à des niveaux indétectables. Les chercheurs ont ensuite arrêté le traitement à 40 semaines, ont surveillé sa charge virale et constaté que l'enfant maintenait une charge indétectable. A l'âge de 9 ans et demi, les chercheurs ont mené des études cliniques et de laboratoire pour évaluer la santé immunitaire de l'enfant et la présence du virus. C'est alors qu'ils ont détecté un réservoir viral intégré dans une petite proportion de cellules immunitaires, mais toujours sans identifier de preuve d'infection par le VIH. Enfin, les scientifiques ont pu confirmer que l'enfant ne présentait pas de caractéristiques génétiques associées au contrôle spontané du VIH.
D''autres facteurs, en plus du TARV précoce, pourraient avoir contribué à la rémission du VIH chez cet enfant, c'est pourquoi d'autres essais cliniques (dont l'essai IMPAACT P1115 mené auprès de 400 nourrissons) testent actuellement l'hypothèse selon laquelle le traitement antirétroviral chez les nouveau-nés infectés par le VIH dès les 48 heures suivant la naissance peut permettre le contrôle à long terme de la réplication du VIH et même après l'arrêt du traitement, permettant une rémission durable.
Équipe de rédaction Santélog