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«État de grâce», quel «état de grâce»?

Publié le 24 juillet 2017 par Jean-Emmanuel Ducoin

Depuis quarante-huit heures, journaux, télés et radios tournent en grande boucle pour «analyser» la perte de dix points de l’«indice de satisfaction» du chef de l’État, comme s’il leur fallait prolonger l’une des métaphores grégaires du Tour de France: quand on arrête de pédaler, on n’avance plus…
«État de grâce», quel «état de grâce»?Les commentateurs de la «chose» publique ont décidément la mémoire tendre et sans doute mériteraient-ils quelques sévères admonestations, histoire de leur rappeler que la politique, c’est sérieux. Ainsi, il aura suffi d’un baromètre de l’Ifop pour voir resurgir cette novlangue qu’aucune raison n’étayait jusque-là, sauf à tordre la réalité. Lisez bien: «Pour Macron, l’état de grâce est fini.» Depuis quarante-huit heures, journaux, télés et radios tournent en grande boucle pour «analyser» la perte de dix points de l’«indice de satisfaction» du chef de l’État, comme s’il leur fallait prolonger l’une des métaphores grégaires du Tour de France: quand on arrête de pédaler, on n’avance plus…
Voici donc «la fin» de l’«état de grâce» du monarque élu. Ah bon? Vous aviez vu un «état de grâce», vous? Les amnésiques règnent en maîtres. Ont-ils déjà tous oublié leurs explications – pourtant concrètes – sur le fait que Macron n’avait pas été élu par « adhésion » mais en grande partie «par défaut»? Et omettent-ils tous que ce président tient sa légitimité représentative de la pire élection parlementaire de toute notre histoire républicaine?
Les taux d’abstention aux deux tours des législatives, 51,29% puis 57,4%, ne furent pas seulement un triste record sous la Ve, mais bien le record absolu à des élections parlementaires depuis l’instauration du suffrage universel, en 1848! Près des deux tiers des Français en âge de s’exprimer n’avaient pas exercé leur droit… Et au cœur de l’été, à la faveur d’un sondage, on vient nous parler de «l’état de grâce» de Macron, comme si celui-ci avait seulement existé. Ce furent les quatre tours de scrutins électoraux qui portaient en eux le venin de la disgrâce!
Ce qui se passe est plus prosaïque. Loi travail XXL, hausse de la CSG, baisse des APL, mesures fiscales favorisant les plus aisés, etc.: la multiplication des mesures libérales, certes prévues, est cette fois En marche forcée. Alors, chaque jour un peu plus, la France sociale craque. Résultat? La cote de Macron se situe deux points en dessous de celle de Hollande en juillet 2012. Accordons au moins du crédit à ce seul chiffre…
[EDITORIAL publié dans l’Humanité du 25 juillet 2017.]

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