Je m'étais engagé à vous tenir régulièrement au courant des avancements de l'affaire des Brunello di Montalcino mélangés avec des cépages français, l'affaire que les italiens appellent désormais le Brunellopoli. Comme les choses avancent, plus ou moins vite, mais elles avancent, voici quelques nouveaux éclairages. On n'est toujours pas au bout de l'enquête. Cependant, ce qui est apparu récemment, c'est que le Brunello d'Antinori, le "Pian delle Vigne", l'un de ceux incriminés, aurait été lavé de tous soupçons. Je garde le conditionnel, car la technique employée pour cela est nouvelle, et reste contestée en tant que telle, les tests de validation de la technique ayant été trop peu nombreux pour la confirmer. On constate une lutte entre 2 groupes distincts au sein du Consortium du Brunello : ceux qui réclament un assouplissement des règles pour se dégager de la règle du 100% san giovese grosso ou presque, et ceux qui veulent conserver ces règles. Les premiers avancent des raisons commerciales : le goût du marché n'est pas forcément à ces vins comme le Brunello, pas forcément facile d'accès pour le tout venant, et l'assouplissement des règles permettrait d'arrondir le vin, par exemple. Ainsi, Luca Zaia, le ministre de l'agriculture du gouvernement Berlusconi, a déclaré que si le goût des consommateurs a évolué, alors les producteurs de vins doivent évoluer, et les règles avec. Et de conclure : "les vins austères ont fait leur temps". Certains ajoutent que ceux qui veulent rester sur du cépage san giovese grosso "in purezza" (dois-je traduire ?) peuvent très bien le faire. Les seconds avancent également des raisons commerciales : le brunello doit son succès à son authenticité, et à son goût inimitable. L'amadouer serait le dévaluer, même si cela pourrait présenter un avantage commercial sur le court terme. Et ajoutent qu'en acceptant 2 façons de faire au sein de la même appellation, on perd le consommateur qui ne saura pas à quel "Brunello" il a à faire. Déjà que les différences de qualité, par la force des choses, peuvent être importantes. Une bonne nouvelle, dans tout cela : les Etats-Unis semblent avoir abandonné l'idée de faire un blocus à l'importation du Brunello. Bon, ce n'est pas encore tout-à-fait gagné, les passages de douane seront quand même un petit peu plus contrôlés qu'auparavant. Tout cela n'est pas fini, nous aurons l'occasion d'en parler.