Roman - 190 pages
Editions Gallimard - août 2016
Prix Roman France Télévisions - 2017
Prix Femina des lycéens - 2016
Prix Patrimoines - 2016
Marie est une infirmière expatriée installée à Mayotte, cette île française si lointaine. Une île aussi splendide qu'elle est le foyer d'une rare violence sociale. Chaque jour elle voit des enfants en provenance des Comores et d'Anjouan, échouer morts sur ses rives. Marie épouse Chamsidine qui la délaissera plus tard pour une jeune autochtone plus fertile. Alors, elle trouvera la force, face à une mère éplorée, de recueillir Moïse, de décider de l'adopter. Mais la micro cellule explose quand il a 15 ans, Moïse est alors un gamin des rues, sous les ordres de Bruce, jusqu'au drame et peut-être la guerre...
Elle a une écriture cinglante Natacha Appanah, sans concession, distillant cette violence sourde, cette injustice, ces états de fait qui doivent scandaliser.Tour à tour, les personnages parlent au fil des chapitres. Moïse, l'enfant djinn à l'œil vert, Bruce, le caïd sui tient le quartier de Gaza, Marie, la mère adoptive fragile, Olivier, le policier sensible et humaniste confronté à l'immigration clandestine, Sébastien, l'humanitaire français.
Extrait :
"Je venais d’arriver à Mayotte dans le cadre de mon année de bénévolat avec l’ONG C. Ma mission était d’ouvrir une maison pour les jeunes de Kaweni. On m’avait dit que ça ressemblait à une cité : les jeunes qui traînent, qui traficotent, qui macèrent dans l’ennui, le manque de perspectives d’avenir, zéro boulot, drogue à gogo. Le local était déjà trouvé, il manquait les idées. J’avais vingt-sept ans et nous n’étions que deux à être volontaires pour venir ici. Mayotte, c’est la France et ça n’intéresse personne. Les autres voulaient aller en Haïti, au Sri Lanka, au Bangladesh, en Indonésie, à Madagascar, en Éthiopie. Ils voulaient de la « vraie » misère, de la misère centenaire ancrée comme une mauvaise racine, des pays « où c’est chaud », des endroits où les tempêtes succèdent aux guerres, où les tremblements de terre suivent les sécheresses. Le nec plus ultra, celui qui en jette sur le CV, restait Gaza, le vrai Gaza en Palestine je veux dire, mais c’était réservé aux plus expérimentés."
Un roman court et fort comme un cri. Un livre qui met en lumière une détresse de la jeunesse dans cette île de l'Océan Indien, qui souligne les disparités, les malaises, les jalousies, les rancœurs et les ignorances qui se tissent entre les privilégiés et les laissés pour compte.
L'avis de Joelle - Les livres de Joelle
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