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Zek

Publié le 29 juin 2008 par Hoplite

Technocrassie

Technocrassie 1970

Le Français-type vit dans un grand ensemble de dix-huit étages, entouré de pelouses proprettes. Son appartement dispose d'un vide-ordures et est le même que celui des autres Français-types. Il utilise sa voiture pour tous ses déplacements, qui prennent peu de temps car le territoire est quadrillé de belles autoroutes, sur lesquelles il roule à 160 km/h. Son électricité est à 100 % d'origine nucléaire. Le dimanche, il regarde Mireille Mathieu à la télévision et le tiercé commenté par Léon Zitrone. Il travaille dans un grand groupe industriel dont l'Etat est actionnaire à 54 %. Son avancement se fait à l'ancienneté. Il a appris à boire et à fumer au service militaire, grâce à la piquette du Languedoc et aux cigarettes de la SEITA distribuées gratuitement. Il a appris la grammaire, l'orthographe et l'arithmétique à l'école, que les Gaulois sont ses ancêtres et que Sully était premier ministre de Henri IV. Le 14 juillet, il va danser après avoir agité quelques drapeaux bleu-blanc-rouge. Il paye des impôts pour ravaler les monuments historiques, pour que la Comédie-Française monte Le Cid et Le Bourgeois-Gentilhomme, et que Cartier-Bresson expose à la maison des Jeunes et de la Culture. L'ORTF lui explique que la France rayonne dans le monde, grâce au Québec, aux explosions nucléaires de Mururoa, aux subventions agricoles et aux pots-de-vins d'Elf et Total. Les rapports de la Cour des Comptes veillent sur son porte-monnaie. Les grands commis de l'Etat sont intègres et il ne souhaite qu'une chose: que ses enfants en soient, après avoir passé avec succès les concours idoines. En Mai, il admire les starlettes du festival de Cannes dont on parle dans Paris-Match.


Technocrassie 2005

Le Français-type vit dans un pavillon aux normes, au pied d'une éolienne de deux cents mètres de haut. Lorsqu'elle s'arrête, il jette le beurre et le lait de son réfrigérateur avant qu'ils ne rancissent, en les triant sélectivement. Une directive européenne lui interdit de cueillir les fleurs qui poussent dans son jardin. Pour se rendre à son travail -- il est fonctionnaire dans une collectivité locale -- il marche un kilomètre jusqu'à l'arrêt du tramway qui le mène dans le centre-ville. Tous les jours il célèbre la journée mondiale de quelque chose de bien, comme la paix, ou de quelque chose de mal que tout le monde s'accorde à combattre, comme le changement climatique. Il le fait en arborant un petit calicot ou en se rendant à un concert pop où officient des artistes sexagénaires. Il surveille ses pensées de peur qu'elles ne soient racistes ou xénophobes. Il paye des impôts pour renforcer la solidarité, pour que les jeunes puissent faire la fête et peindre des fresques sur les murs. Le 14 juillet, il se brasse socialement en profitant du métro gratuit pour aller à Paris-Plage. La France rayonne dans le monde, parce qu'elle dit du mal des Etats-Unis et du libéralisme et prône un impôt mondial pour financer l'amour et la compassion. A l'école il a appris la "citoyenneter" et "l'accord du participe passer" suivant les nouvelles méthodes pédagogiques. Et aussi qu'il est entouré d'ennemis: les délocalisations, le libéralisme, l'homophobie, le gaz carbonique, les piscines non cloturées, les radars automatiques, le communautarisme, les laboratoires pharmaceutiques, le négationnisme...

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