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Je dis tue à tous ceux que j'aime, d'Olivier Sillig

Publié le 20 juillet 2017 par Francisrichard @francisrichard
Je dis tue à tous ceux que j'aime, d'Olivier Sillig

Quand le lecteur lit le titre de ce livre, Je dis tue à tous ceux que j'aime, qui semble comporter une faute d'orthographe, il pense immanquablement à l'inscription en lettres de sang qu'aurait tracée sur une porte Ghislaine Marchal, retrouvée morte dans sa cave en 1991: Omar m'a tuer...

Il peut tout aussi bien penser qu'il n'y a pas de faute du tout, qu'il s'agit plutôt d'une injonction et que tue n'est pas une erreur pour dire tu. Mais cela, il ne le saura peut-être que lorsqu'il aura lu en son entier ce roman commis par Olivier Sillig, qui a dû prendre un malin plaisir à l'écrire.

Car tout est vite étrange dans cette histoire. D'abord les noms des personnages qui sentent bon l'invention, puis le décor inquiétant dans lequel il se déroule, enfin les protagonistes qui sont à la fois typiques et atypiques, un joyeux cocktail de plausible et d'improbable, assumé.

Axis Gooze est comptable chez Radiolla, une fabrique de radiateurs industriels, dont le client principal est l'armée. Chez un autre client, prometteur, un laboratoire d'analyse médicale, un radiateur de réfrigération a lâché et Axis se propose d'apporter lui-même la pièce de rechange.

Ce labo se trouve dans une ville qu'Axis connaît pour y avoir accompli son service militaire vingt ans plus tôt. Et puis cela lui permet de ne pas accompagner sa femme Choota et leur fille Katline qui, au même moment, doivent passer une semaine de vacances chez sa belle-mère...

Alors que Virokil, le labo en question, doit être dépanné d'urgence pour que le contenu du frigo ne soit pas perdu, il s'avère quasi impossible pour Axis de lui téléphoner et, même, de le localiser une fois sur place: il se trouve dans une situation qu'il faut bien qualifier de kafkaïenne.

Il en résulte que le séjour d'Axis dans la ville va excéder les deux jours initialement prévus. Dans le même temps, la ville meut: elle se hérisse peu à peu de palissades rendant inaccessibles certains lieux comme pour y abriter des travaux, dont les habitants ignorent pourtant tout...

Du coup Axis a du temps libre. Et il fait des rencontres dans cette ville: à l'Hôtel du Nord où il est descendu, dans la rue où il déambule, dans la brasserie où il prend ses repas. C'est ainsi qu'il fait notamment la connaissance d'un jeune homme de vingt ans, Bresel, qui joue de l'accordéon.

Bresel, arrivé en ville une semaine plus tôt que lui, joue indéfiniment une valse dont il ne connaît pas les paroles mais qui parle de la péniche mourante, l'éclusier, la fille du marinier... D'emblée, dès leur rencontre, Bresel tutoie Axis et lui explique pourquoi: je dis tu à tous ceux que j'aime...

L'expression n'est pas de lui: ça vient d'un poème, je crois, un morceau de poème. Je l'ai trouvé sur un soldat. Quoi qu'il en soit, Axis est peu à peu fasciné par Bresel, et ses yeux gris. Qui éclipsent le barman Ferrand, la pute Uule ou le vieux couple que forment Maïna et Peel.

Le dernier matin, après huit jours de séjour imprévus, les événements se précipitent dans cette ville désertée de plus en plus par ses habitants. Sans doute le fait qu'Axis délaisse son habituel Pschoot sans alcool pour trinquer avec Bresel en buvant de la Slibe y est-il pour quelque chose...

Francis Richard

Je dis tue à ceux que j'aime, Olivier Sillig, 200 pages, L'Âge d'Homme

Livres précédents:

Jambon dodu, Hélice Hélas (2016)

Jiminy Cricket, L'Âge d'Homme (2015)

Le poids des corps, L'Âge d'Homme (2014)

La nuit de la musique, Encre Fraîche (2013)

Skoda, Buchet-Chastel (2011)


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