Passé maître dans l’art du drame fantastique avec des films comme Le Prestige, Inception ou encore Interstellar, le réalisateur Christopher Nolan s’attaque cette fois – avec Dunkerque – au film de guerre, un genre toujours périlleux tant chaque nouveau long-métrage souffre indéniablement de la comparaison avec les nombreuses références précédentes (Apocalypse Now, La Ligne Rouge, Platoon, Il faut sauver le soldat Ryan…).
Fort heureusement, fidèle à ses bonnes habitudes, le cinéaste britannique ne se contente pas uniquement d’appréhender le genre, il se l’approprie littéralement pour le transcender. Il en découle ainsi une œuvre magistrale, dépassant le simple film de guerre pour s’imposer comme une formidable histoire de survie, une expérience cinématographique intense et incroyablement immersive. Une expérience rendue possible par les différents partis pris de Nolan. Si ce dernier conserve son réalisme exacerbé, sa narration sensible au temps et sa bande originale dantesque (une nouvelle fois signée Hans Zimmer), il opère néanmoins de véritables choix, qui risquent grandement de diviser, dans son traitement du sujet. Le plus évident d’entre eux est certainement l’absence de développement dramatique des personnages. Un parti pris risqué, et tout à fait discutable, qui compense le manque d’attachement émotionnel à l’égard des protagonistes par une immersion accrue. En faisant des héros de son film des hommes parmi tant d’autres, plongés dans l’enfer de Dunkerque pour différentes raisons, Nolan retranscrit effectivement la guerre dans ce qu’elle a de plus impersonnel. Un sentiment également renforcé par l’invisibilité de l’ennemi, menace bien réelle mais imperceptible.
Au départ d’une histoire plutôt simple (l’évacuation des troupes britanniques de Dunkerque en 1940), Christopher Nolan délivre donc un film de guerre absolument remarquable, dont la beauté formelle n’a d’égal que l’épure narrative. Véritable expérience de cinéma, tant sur le plan émotionnel que sensoriel, Dunkerque s’impose comme une œuvre immersive, haletante et profondément humaine. Un des meilleurs films de l’année, sans aucun doute !