Anorexiques ou boulimiques: sortir de la solitude et guérir en groupes
Publié le 24 juin 2007 par Willy
Anorexiques ou boulimiques: sortir de la solitude et guérir en groupes
Par Clarisse LUCAS
SAINT-BRIEUC (AFP) - "Ma maladie a débuté au moment du bac" : aujourd'hui à 29 ans, Christine apparaît radieuse. Elle a retrouvé "la sobriété alimentaire" avec l'aide
de l'association "Anorexiques, Boulimiques Anonymes" (ABA), en congrès ce week-end à Saint-Brieuc.
A 17 ans, "j'ai eu une anorexie sévère pendant un an. Un médecin m'avait dit que j'avais quelques kilos à perdre : en six mois, je suis passée de 58 kg à 38 kg pour
1,54 m", raconte cette petite brune au regard pétillant. "A 38 kg, le médecin ne pouvait rien faire: le risque vital n'était pas en jeu !". "A la fac je suis
passée à la boulimie. Je m'empiffrais, avant de m'obliger à vomir. Ca a duré deux ans. Je me suis fait hospitaliser pendant 3 mois.
Puis j'ai rechuté. C'était horrible : à nouveau les vomissements, les mensonges, la culpabilité, les problèmes financiers". Jusqu'à la rencontre avec les Anonymes et la sortie d'"une solitude
terrible". "Aujourd'hui j'en suis à 4 ans et demi de sobriété alimentaire. Ca s'est fait tout doucement. Au niveau psychique je suis toujours en travail", confie
Christine. Derrière ces comportements, "il y a souvent une problématique familiale et ce n'est pas toujours facile à dénouer", assure la jeune femme qui entend
préserver son anonymat. "Il faut apprendre à vivre bien avec des problèmes non résolus". Créée en 2002, l'association ABA, qui se veut complémentaire du milieu
médical, s'est d'abord inspirée du mode de fonctionnement des Alcooliques Anonymes. "Beaucoup de gens attendent des solutions toutes faites mais ça ne peut pas marcher (...). En tant que malade,
chacun doit comprendre qu'il est responsable de son rétablissement et doit transmettre son expérience aux nouveaux venus", affirme Christine.
La transmission de l'expérience est précisément le thème du congrès de l'ABA qui se tient samedi et dimanche. "L'association ne donne pas de plan
alimentaire. C'est un partage d'expériences. Chacun explique comment il a procédé pour se rétablir ou les difficultés auxquelles il est confronté". Chez les ABA
atterrissent autant d'anorexiques que de boulimiques, autant d'hommes que de femmes, des très jeunes aux plus âgés, issus de tous les milieux sociaux. Tous dans l'impasse malgré souvent un long
parcours médical et la fréquentation de détiéticiens ou de nutritionnistes. Des liens se développent avec les professionnels de santé. Par son rôle de soutien,
"l'association peut prendre le relais après un traitement hospitalier. Des psychiatres conseillent aussi à leurs patients de venir nous voir", relève Christine. L'association née à Saint-Brieuc tisse sa toile à travers la France. Dans les régions où il n'existe pas encore de groupes structurés, des malades "viennent en Bretagne, même pour une
semaine. Ils assistent à une réunion chaque soir dans des villes différentes. Ils repartent surtout avec plein de contacts. Ils ne sont plus seuls", se réjouit Christine.
Site internet : anorexiques-boulimiques-anonymes.org