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Souillac en jazz. Concert du 18 juillet 2017, grottes de Lacave. Tony Hymas piano solo joue Léo Ferré.
Le concert dans les grottes de Lacave est sans nul doute lié à un rituel de passage : passer de la chaleur écrasante à la fraîcheur humide, de la lumière encore vigoureuse à l’obscurité quasi-totale, pénétrer par un petit train cliquetant dans le cœur de la roche, monter pour atteindre une large salle à la voûte imposante. Sur une estrade munie d’un piano électrique rouge, un homme accueillant, souriant, au regard amusé. Il joue. Faisant fi de la curiosité de l’insolite, chacun adopte pleinement le monde de Léo Ferré déconstruit-reconstruit par le pianiste, qu’il reconnaisse ou non les airs des chansons. Tony Hymas les fond les uns dans les autres pendant presque trois quarts d’heure. Les mélodies se reconnaissent aisément, et le pianiste développe, conduit sur ses chemins personnels Les Poètes et Jolie Môme, C’est extraet L’affiche rouge. Sans que ce soit toujours aisément perceptible, Tony Hymas lie subtilement les morceaux, utilisant des codes internes, des harmonies communes, des clins d’œil presque invisibles, inaudibles. L’auditoire est en haleine, les stalactites retiennent leur goutte à goutte ; alors la musique, dense et épanouie, remplit l’espace. Quelques touchers délicats invitent la poésie. Puis les touches s’emballent en une montée lyrique qui rappelle les enthousiasmes slaves d’un Chopin. Un soupçon de musique répétitive évoque Keith Jarrett, délicatement, en passant. Ne pas en rester là : le concert continue, dans la même sérénité poétique, énergique, enveloppante. Standing ovation, Madame Ferré est une des premières à se lever, bouleversée. Le généreux Tony Hymas joue trois rappels. Qui rappellent qu’avec le temps…Marie-Françoise, d’après les témoignages de Matthieu, Marc, Robert et Arnaud.