j’avais les yeux coulants
déjà tu savais me lire
sans les mains
la lumière de ton visage
tracé d’avance
noir sur moi
ton regard de fille
black-out
sauf de toi
je t’ai pensée
les jours qui t’ont suivie
j’ai rêvé au mauve qui t’entoure
à la lueur de t’espérer
dans ma bouche
ton avance
aimer les filles
les aimer quand la nuit
bleu nous enveloppe
la lune nous recrache
notre indécence
sur le trottoir
tes avances traînent
au fond de mon mojitos
il y a la menthe verte
cristallisée
comme des feuilles de thé
je coucherai avec mes lendemains
et me réveillerai encore seule
*
j’ai l’innocence
sale et trempée
je sais
avaler les hommes
au rythme de mes hanches
travestir mes petites morts
en brassière noire
pour funérailles
me déshabiller d’eux
rose de tes seins
ton sexe qui fond
nos souffles se percent
dans mes pores
la jouissance s’est calée
je n’ai plus à crier
faire l’amour
arrêter de se pawner le corps
pour des caresses
de se clouer le sexe
avec leurs organes
de retenir sa langue
*
c’est la première fois
depuis la canicule
tu as taché mes poèmes
de blanc dehors et dedans
je te pense en cuiller
pendant que tu fais des anges
dans mes draps
le désordre de ma vie
je m’abrille de toi couchée
tes yeux ajustent mon corps
ferment la lumière
tu me vois
sur les murs de ma chambre
une tapisserie de baises
ton sexe n’est pas une fleur
orgasmes de bengale
tu incendies
*
dans le miroir
les yeux me renvoient
la pesanteur de ton regard
comme une méduse
tu me fais statue
je veux t’embrasser jusqu’à creuser
dans l’émail de tes dents
une place pour cacher avec la langue
tous les mots que je ne sais pas te dire
il me reste
les cendres des possibles
(nos baisers meurent toutes les fois
où tu ne t’enfouis pas entre mes lèvres)
j’ai envie
de dire je t’aime
mais je ne te connais pas
je te reconnais
*
je me répète tes espaces
l’entre-deux nos rencontres
dans mon lit trop grand
j’ai envie de m’étendre
dans nos quotidiens
te parler la nuit
dans mes rêves trop
murmurer des bruits
te gémir la vérité
mes silences disent
avec toi contre moi
je me décompose
sous tes doigts
l’échine se cambre
me tordre de toi
entre mes cuisses
l’intime porte ton nom
*
the sound of silence
résonne dans le bar
je regarde tes lèvres
et j’imagine ta voix
pendant que les autres chantent
nous sommes les reines du silence
nous avons gagné
j’ai perdu
danse avec moi
s’il te plaît
*
la tête lovée
j’observe le rythme
de tes paupières impénétrables
je différencie ta couleur
même les yeux fermés
ta présence de soleil d’automne
traverse ma peau perméable
on sent la pelure d’oranges
assises dans ta cuisine
devant un café noir
j’ai rongé mes ongles
pour toi
c’est le lendemain
du lendemain de toi
je ne sais pas
comment t’écrire
approche
que je cesse
de t’inventer
© giuseppe palmisano / iosonopipo