
On prend du début à la fin un plaisir manifeste à suivre les aventures intercommunautaires de la jeune Marjane S., qui découvre l'horrible réalité de son pays avant d'aller y réfléchir sous des cieux plus cléments. Persepolis n'est pas une comédie politique : si on y dénonce gentiment les méfaits du régime iranien, ces moments-là ne font pas rire. Entre deux phases sérieuses, Satrapi et son coréalisateur Vincent Parronaud insèrent de petits gags souvent gratuits mais assez drôles, qui dédramatisent mais ne cherchent jamais vraiment à s'insérer dans le propos. Mais un chien débile et en chaleur, les mimiques d'une petite fille ou une mamie délicieusement vulgaire n'auront jamais vraiment la force d'un vrai pamphlet.
Mais ces critiques ne valent rien face à l'enthousiasme provoqué malgré tout par le film : sa beauté (nuances de gris, nuances du propos) est telle qu'on en oublie bien vite ces quelques reproches. Sur un rythme imparable, conservant une construction bédéistique tout en s'étant parfaitement adapté au cinéma, Persepolis déroule son tempo parfait et provoque mille émotions à la seconde. Voilà un film de pur plaisir, à savourer sur le moment car il s'évapore rapidement. L'avantage, c'est que ça peut donner envie d'y retourner...
8/10