Critique du Bouc à l’espace vide, de Julien Saada, vu le 16 juillet 2017 au Ninon Théâtre
Avec Xavier Clion et Julien Saada, dans une mise en scène de Sophie Lecarpentier
Bon, il faut reconnaître que je m’en suis autorisée quelques-uns quand même, de ces spectacles manqués sur Paris et que je viens découvrir ici, au Festival. Mais c’était pour la plupart des spectacles presque éphémères sur Paris, de ceux qui ne se jouent que pour quelques dates, et mon agenda déjà chargé devait parfois mettre de côté des spectacles pourtant prometteurs. Programmé dans mon Festival cette année, je ne regrette absolument pas mon choix.
Du bouc à l’espace vide. Le titre m’a d’abord intrigué, mais je m’attarde un peu dessus car je trouve que, bien que simple, il sonne très bien. Il est rythmé, original, et pourtant plutôt évocateur. Car c’est bien une histoire du théâtre, depuis les sacrifices à Dionysos jusqu’à Bob Wilson en passant par la création de la mise en scène et le théâtre de l’absurde, que nous propose ce spectacle.
Je suis conquise. L’histoire de près de 3000 ans de théâtre résumé en 1h10 est un défi et ces deux comédiens le relèvent avec brio. Evidemment, ils doivent se contenter des grandes lignes mais grâce à un rythme soutenu, ils arrivent malgré tout à ne pas rester en surface et parviennent même à glisser dans leur description de l’évolution théâtrale des extraits caractéristiques de chaque époque, ce qui permet de mettre des mots sur l’esquisse qu’ils proposent à chaque étape. Si je n’ai pas appris grand chose, j’ai en revanche consolidé mes acquis et j’ai passé un très bon moment. Sans être présenté de manière scolaire, le spectacle a un aspect éducatif et la manière de présenter les choses est telle qu’elle permet une belle approche de l’histoire théâtrale pour des enfants.
Ils sont deux mais ils accomplissent le travail d’une dizaine de comédiens. Leur énergie est communicative, leur dynamisme permet de cadencer leur histoire et de ne perdre aucun spectateur en route. La scène est séparée en deux : d’un côté, ils développent leur feuilleton au moyen de visuels efficaces, de manière à imprimer d’autant mieux l’évolution des choses dans la tête du spectateurs ; de l’autre ils enfilent leurs habits de comédiens – si je puis dire – pour nous citer quelques vers typiques. Aussi bon dans l’art de raconter une histoire que dans celui de déclamer des vers, il font de ce spectacle un numéro absolument brillant.
Captivant et enthousiasmant ! ♥ ♥ ♥