Alors que l’œuvre de Hew Locke, On the Tethys Sea, est toujours visible jusqu’au 26 Novembre à la Biennale de Venise, dans le Pavillon de la Diaspora Caraïbe, aux côtés de celles de douze artistes contemporains parmi lesquels Yinka Shonibare et Ellen Gallagher, l’Hôtel de la ville de Brème du Nord – ouest de l’Allemagne recevra une autre œuvre de l’artiste du 5 août au 11 novembre prochains dans l’exposition Der Blinde Fleck.
Working in the studio on Cui bono
Son titre, Cui bono, en latin qui en tire profit ? Peut – on aller jusqu’à dire A qui profite le crime ? C’est la question que se posent les enquêteurs lorsqu’ils essaient de découvrir le motif d’un meurtre. Il est possible que le coupable n’apparaisse pas d’emblée car le criminel peut être celui qui tire du méfait un bénéfice financier mais qui a su rester dans l’ombre tout en étant suffisamment manipulateur pour attirer l’attention sur les exécutants.
Les villes marchandes de l’Europe du Nord n’ont peut – être pas pris part directement à la traite des esclaves mais la richesse de Brème a été créée par le commerce du coton et du tabac qui étaient produits par le travail des esclaves.
Der Blinde Fleck, dont le curator est Julia Binter explore les implications coloniales de la ville de Brème et veut révéler la part sombre de l’histoire en éclairant particulièrement la représentation et le traitement de « l’Autre » dans la collection historique du musée de Brème. Ces œuvres sont mises en dialogue avec des créations d’artistes modernes et contemporains du continent africain et asiatique mais aussi de la Caraïbe avec Hew Locke.
C’est dans l’Hôtel de ville de Brême que sera présentée l’exposition. Classé patrimoine de l’humanité par l’Unesco, c’’est l’un des plus beaux hôtels de ville d’Allemagne, un exemple caractéristique du style dit de la Renaissance de la Weser. Des maquettes de bateaux sont suspendues au plafond pour témoigner de l’importance du commerce maritime pour la ville.
Hôtel de ville de Brème, hall de l’exposition
Dans le parfait prolongement de sa démarche artistique, Hew Locke crée son propre bateau ornemental long de quatre mètres pour remplacer un de ces modèles du 16ème siècle pendant la durée de l’exposition.
Le bateau, icône puissante est une présence itérative, récurrente chez Locke.
Hew Locke_s For Those in Peril at Sea, Folkestone, Kent, 2011. Photograph Andy Hall for the Observer
Lors de la triennale de Folkestone de 2011, il avait déjà présenté une installation Pour ceux qui risquent leur vie en mer (2011) dans une Eglise. Cette œuvre sera réinstallée par la suite au Miami Art Museum. Locke avait eu l’occasion de voir dans des chapelles à travers l’Europe des maquettes de bateaux votives accrochées dans des lieux saints. C’est au Portugal qu’il a été frappé par une chapelle de marins, où le bateau représente ce que vous donnez à l’église après avoir survécu à toute une vie en mer.
Le bateau représente quelque chose de très profond pour Hew Locke et peuple de très nombreuses de ses œuvres : The Wine Dark Sea, The Tourists, Sea Power, Adrift, HMS Belfast, Golden Horde, Hemmed In Two, Ark entre autres.
Hew Locke, artiste né en 1959, est surtout connu pour ces installations complexes qui explorent les thèmes de culture et d’identité dans un contexte global. Travaillant tour à tour la peinture, le dessin, la sculpture et la photographie, Hew Locke fait un usage extensif d’objets trouvés, y compris des jouets de la production de masse, et des rebuts de la consommation.
The Kingdom of the blind
Global Caribbean