Certains personnages ou certains événements du film ont-ils été directement tirés de votre propre expérience ?
Rien dans le film ne provient spécifiquement de ma vie. En tous cas, je ne m’en suis pas inspiré directement. Je crois en revanche que ce que les personnages vivent, éprouvent ou ressentent dans le film, tout le monde a été amené à le vivre au moins une fois dans sa vie.
Donc je dirais qu’il s’agit davantage d’émotions assez universelles, plus qu’une inspiration personnelle.
La facture visuelle du film se veut extrêmement réaliste, qu’il s’agisse du design ou de l’animation.
Pourquoi vous être alors tourné vers le cinéma d’animation plus que vers un film « live » ?
C’est une question que l’on me pose très souvent (rires). La maison de production DADAshow entend également souvent cette remarque, car le type d’histoires qu’elle raconte, et le type d’animation qu’elle utilise sont très réalistes, et essaient justement de ne pas ressembler à des fictions « typiques ».
Pour ma part, je souhaitais vraiment exprimer cette histoire grâce à l’animation. En fait, il faut surtout le voir comme mon moyen d’expression.
En Corée, beaucoup de films d’animation sont surtout des films familiaux, ou à destination des enfants. Et montrent beaucoup d’éléments fantastiques pour échapper à la réalité.
Je souhaitais justement explorer cette voie : proposer au contraire un film d’animation tourné vers le réel, pour que les spectateurs éprouvent de vrais sentiments et de véritables émotions.
Les scènes de sexe sont très crues, ne cachent rien. Vous êtes-vous souvent posé la question de savoir si vous alliez intégrer ou tel ou tel plan, pour, peut-être, ne pas aller trop loin ?
The Senior Class n’est pas mon premier film avec des scènes de sexe. Un de mes précédents films dure environ quatre heures, et en contient beaucoup plus que celui-ci (rires). Alors gérer ces scènes de sexe, et savoir jusqu’où aller n’a pas vraiment été un problème.
En revanche, les films d’animation, du moins en Corée, doivent être porteurs d’amour, d’espoir. Ils doivent montrer la vie en rose d’une certaine manière.
Dans The Senior Class, je voulais au contraire montrer la noirceur des sentiments, la trahison qui peut en naitre.
Lorsque j’ai réalisé mon film de quatre heures, je me suis souvent demandé à quel point le grand public en Corée pourrait être choqué par ces scènes de sexe, leur violence et le dégoût qu’elles pourraient faire naître. À quel point il pourrait les rejeter.
Ce film m’a vraiment permis de me questionner et de cheminer longuement sur ces problématiques.
Donc en arrivant sur The Senior Class, j’étais beaucoup plus serein par rapport à ça. J’en suis arrivé à la conclusion qu’il s’agissait de ma manière d’exprimer les histoires que j’avais à raconter, donc je n’ai pas vraiment douté au moment de réaliser ces scènes de sexe.
Pour la petite anecdote, afin de réaliser ces séquences, je me suis moi-même chorégraphié. J’ai mimé les positions face caméra, et montré les images aux animateurs en charge de ces scènes… Alors la gêne n’a pas vraiment été un problème (rires).
La majorité des personnages du film, à l’exception peut-être du personnage principal, sont tous très négatifs pour ne pas dire plus.
Quel est selon vous le pire de tous ?
Je pense que le pire de tous est de loin le professeur. Parce que finalement, tout ce que traversent ces jeunes étudiants, la situation dans laquelle ils sont est surtout la faute du système mis en place par leurs aînés, par les générations précédentes.
Et ce professeur, de par son poste, est en position de pouvoir. Ce qu’il fait est terrible, et affreusement mal.
Maintenant que The Senior Class est terminé et commence à être distribué, quel sera votre prochain projet ?
Je vais commencer à travailler sur un projet en compagnie de Yeon Sang-ho, le réalisateur de Train to Busan, pour le studio DADAshow.
Pour une fois, ce sera un film d’animation familial (rires), que je ne réaliserai pas, mais que je vais cette fois-ci produire.
Q&A donnée l’issue de la projection de The Senior Class, dans le cadre du Festival Fantasia 2017.